Puisqu’on vous répète qu’il faut densifier. Nous allons densifier. Par exemple sur le site de l’ancienne clinique, la densification va s’accomplir par la hauteur. Le bâtiment à construire va friser le firmament, enfin presque, mais à l’échelle de la ville il s’envolera. L’adjoint excellent à l’urbanisme n’y voit que des avantages. Il a raison de son point de vue. Mais parlons-en de la vue. Pour le voir, on le verra. De partout ou presque. Cet élan vers le ciel donnera de la lumière en haut, de l’ombre en bas. Mais c’est en bas qu’on circule, en marchant, en conduisant, en pédalant, en poussettant. En bas que sont les cloportes, les insignifiants, les obscurs, et nous en sommes. Les obscurs ne respirent que dans l’ombre. En bas, écrasés par la hauteur étincelante des murs d’acier, on voudrait tant ressembler à New York. C’est la ville de demain. Celle que beaucoup détesteront. Ne pouvant la changer, ne pouvant non plus empêcher la poussée du béton, il partiront. Vers d’autres cieux, plus dégagés. D’autres resteront, les masochistes, les amateurs de ciment, les assoiffés de proximité, les inconditionnels de la mixité. Il en est même qui viendront. Rien n’est nouveau sous le soleil, pour peu qu’on le trouve encore.