Il faut remonter dans le passé pour comprendre les causes de l’échec patent, qui s’étale sous nos yeux. Pour commencer, il faut se rendre à l’évidence : dans cette zone opulente, au lieu d’une ville, c’est une banlieue « défavorisée » qui a été édifiée. C’est moche, c’est incommode, c’est sans âme. Pourquoi ? Chronologiquement dans les années 60 et 70, au moment du premier boom de la construction, un désastre est survenu. Des élus, de droite eux, sans aucune imagination, ont laissé pousser sans aucune idée directrice, sans aucune harmonie, des tas d’immeubles. C’est un tas, pas une ville. Puis dans les années 80, la gauche, bien-pensante comme l’est la gauche, est venue au pouvoir local, et n’a eu qu’une seule obsession, bâtir le plus de logements sociaux possible. L’unique préoccupation était celle-là, avec en prime l’idée qu’il fallait « minéraliser » la ville. C’était le mot d’ordre, la pensée ultime de l’architecte de la ville, Monsieur M.., architecte, caricature de gauche, qui se félicitait de l’arrachage des rares arbres survivants dans ce désert de béton. Annemasse est devenu une ZUP, une ZAD, une ZEP, une Z.. Une ville du tiers monde aussi. Puis, une troisième période s’est ouverte depuis une bonne quinzaine d’années. La gauche est toujours au pouvoir local, mais les forces en présence ont changé, la mode aussi. La mode est à l’écologie. Alors tout s’ordonne désormais autour de cette nouvelle idée fixe qui vient se superposer à l’idée plus ancienne du tout social qui conserve son empire. La mode est aussi au « en même temps ». Cela se traduit par la guerre aux voitures, et par la peinture verte tous azimuts dans un environnement qui reste marqué par la croissance du logement social. L’idée de la verdure n’est pas critiquable en soi, mais son application à coup d’ukases sentencieux est un peu moins admirable. Cela suffira-t-il à conjurer le mauvais sort qui s’acharne depuis des lustres sur cet espace urbain ? Il est possible d’en douter. Un nouvel excès est en marche. La suite dans vingt ans. En attendant, bonne continuation !