Il est difficile de prédire l’impact exact de la hausse du franc, ou plus exactement de la dépréciation de l’euro contre le franc suisse, sur notre petite région frontalière.
Les savants économistes vont nous abreuver d’analyses. On les attend. D’ici, quelques données basiques sont immédiatement perceptibles.
D’un côté on peut s’attendre à une hausse du pouvoir d’achat de toute la population frontalière, mais de manière plus mesurée qu’initialement imaginée. Si le pouvoir d’achat ici augmente, les endettements en francs suisses, par exemple pour l’immobilier avec les prêts en devises, augmentent. Si le remboursement des prêts représente 33 % des revenus des emprunteurs, alors cette part augmente à proportion de la hausse du franc.
D’un autre côté, et c’est la vraie difficulté, les salaires risquent de baisser en termes réels en Suisse voisine. Il n’y a aucune impossibilité à ce scénario. On peut même imaginer qu’il impactera plus les frontaliers que les salariés genevois qui ne sont pas frontaliers. Bien sûr il y a le verrou de l’interdiction toute théorique de la discrimination, mais il est à craindre que ce ne soit pas une barrière efficace. Le risque de baisse des salaires est une hypothèse envisageable. Au total, avec d’un côté une augmentation des charges d’emprunt et de l’autre une baisse des salaires, un nouvel équilibre économique régional peut être trouvé avec une augmentation modérée du pouvoir d’achat des salariés frontaliers.
Dans l’immédiat et tant que la masse salariale frontalière ne baissera pas à Genève, c’est à dire tant que l’emploi ne sera pas affecté, les seules à tirer leur épingle du jeu seront les collectivités locales, communes et département.