On n’en finira pas avec les scories de cette affaire des écoutes téléphoniques de l’ancien président et de son avocat. Il faut dire que le pot aux roses a été découvert. Madame la Garde des Sceaux a affirmé publiquement avant-hier qu’elle avait connu tout cela en lisant la presse. Puis Monsieur le Premier Ministre a déclaré, publiquement hier, qu’il en était informé depuis déjà quelque temps. L’un des deux ment. Mais nul n’était besoin de cette contradiction pour savoir que c’était très improbable que le pouvoir ne sache rien.

La réalité apparaît donc sous les discours. Devant la scène se déploie toute la rhétorique sur l’indépendance de la magistrature à l’égard du politique. Ce matin on pouvait entendre sur une chaîne de radio du service public (sic) un professeur de droit constitutionnel, une éminence donc, asséner que les politiques étaient toujours surpris par la marche inexorable de la justice, laquelle se faisait bien entendu dans une totale indépendance, et qu’elle suivait son cours avec son calendrier, qui n’a bien entendu rien à voir avec les contingences politiques.

On a envie de lui dire à ce bon professeur, dis-donc la pomme, tu ne trouves pas bizarre que son cours majestueux et indépendant ponde un scoop à quelques jours d’une élection ? Ce serait une coïncidence dans ton analyse ? Le bon professeur qui ne veut surtout pas incorporer la moindre parcelle de réalité aux superbes de sa rhétorique, oublie, sans doute sincèrement, que dès lors que la nouvelle tombe à la veille d’une élection générale, c’est que par définition ce résultat était recherché. Sauf à croire à la magie, et à l’inconséquence des juges, ce qui est difficile.

Sans compter que personne ne nous explique comment il se fait, sans violation du secret de l’instruction – mais par qui-, que des écoutes puissent se retrouver dans la presse ou même simplement qu’on y découvre la seule connaissance de leur existence. Ce qui est encore un autre débat, mais qui a trait aussi à la question de l’indépendance.

Le glaive de la justice a plongé dans le sac politique et il s’y noie.