Un vrai régal que de lire la tribune d’expression de la majorité municipale à Annemasse dans le dernier numéro du JIM (novembre 2008), journal municipal en quadrichromie, chargé de diffuser l’évangile selon Dupessey.
Voici que la majorité se plaint d’être confrontée à une « opposition en miettes ». Et voici cette même majorité qui affirme réussir ce prodige de ne parler que d’une seule voix, tout en restant « fort(e) de sa diversité ».
Et nous serions une vraie bande d’ingrats si nous ne rendions pas grâce à ce tour de force d’une diversité s’exprimant par l’organe de l’Unique. Nous resterions confinés dans notre émiettement, nos fractures, nos expressions polémiques, bref notre néant, au lieu de connaître les joies sans fond du monolithisme le plus absolu, sous la houlette du véritable Moïse, fondateur de la nouvelle religion municipale.
Et alors même que nous avons été invités à ces agapes des délégations extérieures. Dont on peut rediscuter, parce que cela ne fonctionne pas comme on l’attendait.
Donc, se plaint-il, aucun dialogue ne serait possible dans cette cacophonie. Il propose alors sa recette pour le dialogue, dont implicitement il admet la nécessité, pour rester dans le moule démocratique : les soviets de quartier, rebaptisés Conseils Consultatifs de quartier et autres réunions « parlez nous franchement ». La bonne nouvelle y sera diffusée dans le futur comme dans le passé.
Même Moïse peut être dans l’erreur. Il risque l’enfermement dans ses certitudes. A l’inverse la vraie richesse de l’opposition est sa réelle diversité. Nous ne sommes pas toujours du même avis. Nous avons des réactions différentes. Et nous les exprimons. Nous sommes pluriels. Et c’est ça la liberté.
Pour ce qui me concerne, je n’exprime rien dans un esprit polémique, mais tout et toujours dans un esprit constructif. Sans tabou.
À la sortie d’Égypte, le grand fondateur trouvait les tables de la loi. J’invite ici le fondateur de la nouvelle religion municipale à soutenir la vie démocratique de la cité. Et oserais-je suggérer, à commencer par promouvoir cette démocratie au sein de ses propres troupes. On serait bien aise de connaître les discussions intra majoritaires. Et si par extraordinaire il n’en existait aucune, de le savoir également.
En second lieu, il serait bon que l’humilité soit mieux partagée. Il arrive que la majorité ait tort sur des sujets importants, et que l’opposition ait raison. Un peu de respect ne ferait pas mal.
Prenons un exemple. Celui des trois places. Celui des parkings. Hier, lorsque l’opposition avait lancé l’idée de les aménager et celle de réaliser les parkings souterrains, elle s’était heurtée aux ricanements et aux sarcasmes majoritaires. Aujourd’hui qui doute de cette nécessité ? L’opposition a donc aussi de bonnes idées. Écoutez-la. Et pour l’écouter, il faut la respecter.
On en revient au point central du débat. D’un côté le monolithisme, de l’autre l’éparpirllement. Éclatement temporaire et qui peut parfaitement se fédérer, se confédérer, se retrouver du même côté de la salle du conseil. Au fait je présente la demande de rassembler tous les opposants du même côté de la salle du conseil municipal et non de les séparer par des troupes majoritaires. L’opposition trouvera ainsi la possibilité géographique de se concerter pendant les séances. En dehors des séances, ce n’est pas une nouveauté.
Le monolithisme n’est pas sain. Il écrase tout, y compris ses propres troupes. Il nie tout, et même l’intérêt général, tant il est incapable d’envisager un point de vue différent du sien. On n’est encore pas sorti d’Egypte.