Notre maire veut remplir les cubes qui se construiront en rangs d’oignons dans le futur quartier Étoile-Gare (à ne pas confondre avec Chablais-Gare). On trouvera de tout dans les cubes. Il s’agit de les remplir. Pour l’un ce sera le siège de la Communauté d’agglomération. Pour les autres, c’est un peu plus compliqué.
Annemasse va se doter d’un « quartier d’affaires ». Sic. Et au milieu
d’icelui il y aura la « cité de la solidarité qui accueillera les ONG.
C’est tellement évident comme alliance, un peu comme la carpe et le
lapin, que c’est à se demander pourquoi cela ne fleurit pas partout
ailleurs. La réponse est qu’ailleurs ils ne sont pas aussi intelligents
qu’à Annemasse. Nous on va faire l’affaire des ONG. Qui seront au milieu du centre d’affaires.
Mais un centre d’affaires est il semblable à un centre d’ONG ? Certainement pas. Il y a une différence majeure. Les centres d’affaires abritent des entreprises qui produisent des richesses, de la taxe, bref de tout ce qui fait l’activité économique.
Un centre d’ONG, ce qui n’existe pas encore, produira de la renommée. Et c’est tout. En revanche il consommera :
– des subventions,
– des aides directes,
– des aides indirectes.
Soit par exemple l’organisation WECF citée par le maire dans son interview bidon du dernier JIM (novembre 2008). Accrochez-vous. C’est Women in Europe for a Common Future. La branche française vient d’être créée en mars 2008 et a un siège à Vétraz-Monthoux. Comme c’est une villa avec piscine, on suppose que c’est au domicile de la présidente française.
Personnellement je ne trouve qu’à me féliciter de cette fondation à ce stade.
Mais si on examine d’un peu plus près, la perspective est moins rose.
En réalité c’est si difficile de les faire venir, ces sacrées ONG, qu’il faut les appâter avec des avantages importants. C’est vrai qu’on n’attrape pas les mouches avec du vinaigre. Pour faire venir WECF, par exemple, on a commencé par loger la dulcinée dans des locaux procurés par la mairie. On ne va quand même pas parler de loyer, ce serait déplacé.
A cela s’ajoute qu’à la MED (Maison de l’économie), une charmante hôtesse a été engagée l’an dernier en qualité de chargée de mission, spécialement pour courtiser les ONG, les convaincre de venir s’installer à Annemasse.
Donc les ONG ont déjà un coût.
Et ce n’est pas fini. Cela ne fait même que commencer. À ces coûts initiaux s’ajouteront tous les autres, ceux qu’on dira, et ceux qu’on ne dira pas.
Ceux qu’on dira, ce sont les inévitables subventions. Ce qui console c’est que tout le monde, c’est-à-dire le contribuable pour finir, mettra la main au portefeuille. De la région à la commune en passant par l’État, le département ou l’Europe, vous verrez, la manne financière équilibrera les comptes qui ne produisant rien, ne peuvent que recevoir.
Et il y aura les autres coûts. Les coûts induits. Une idée en est donnée par le maire d’Annemasse dans son interview au Journal d’information municipale de novembre 2008.
« Pour favoriser leur implantation, de nombreux dispositifs d’aide à l’installation sont prévus : accueil individualisé, aide à l’implantation des familles des salariés des ONG pour trouver un logement, un emploi pour le conjoint, inscrire les enfants à l’école, etc. »
Conscient qu’il s’engage sur un terrain délicat il ajoute aussitôt qu’il ne s’agit pas toutefois d’une œuvre philanthropique, car dit-il, « elles ne sont pas accueillies gratuitement. Les ONG sont considérées comme de véritables entreprises, sources de retombées économiques pour toute la région. Leurs salariés seront ainsi autant de consommateurs potentiels en plus pour tout le tissu économique local ».
Manquerait plus qu’ils aillent consommer à Genève ! Mais les retombées, c’est un vœu pieux. S’il s’agit que des dépenses des salariés des ONG dans la vie locale, alors c’est limité. En dehors de ce seul exemple des salariés et de leur consommation locale (espoir) il n’y a strictement aucun autre exemple cité par le maire. Ce qui laisse craindre qu’il n’y en a pas.