À Genève, le salaire médian s’établit désormais à 7 900 francs par mois, nous apprend la Tribune. De quoi provoquer un grand frisson chez nombre d’employeurs de Haute-Savoie, en particulier dans le Genevois. Beaucoup d’entre eux ne seraient sans doute pas fâchés de percevoir pour eux-mêmes les rémunérations qui, à les entendre, leur « arrachent » régulièrement leurs salariés.
Ce simple chiffre éclaire pourtant d’un jour cru la réalité sociale des territoires haut-savoyards irrigués par l’économie genevoise : un moteur puissant, un niveau de vie tiré vers le haut, et des équilibres locaux bouleversés par cette dynamique transfrontalière.
Fait remarquable : ce phénomène majeur, massif, structurant, demeure largement absent des radars universitaires. Les bataillons de sociologues qui peuplent les campus s’en détournent avec une constance presque ascétique.
Il est vrai que, dans ces milieux, l’argent n’a pas bonne presse. Il est tenu pour vulgaire, presque impur, et n’éveille ni compassion ni appétit théorique. Leur terrain d’élection demeure la misère — réelle ou supposée, souvent davantage supposée que réelle.
Ainsi va le monde sous le soleil.