Il ne faut surtout pas se plaindre, Genève est le poumon économique d’une ville qui sans cela, se réduirait à un amas d’immeubles. En février 2023, la hausse du franc suisse s’est poursuivie, et en conséquence la presque moitié de la population active qui est frontalière, voit ses rémunérations augmenter. Le 4 janvier 2021 il fallait 0,93 € pour acheter un franc suisse. Le 20 février 2023 il faut 1,03 € pour acheter ce même franc. Le franc suisse s’est revalorisé en deux ans de 10 %. Vous en connaissez beaucoup de salaires qui ont augmenté de 10 % sur cette même période en France ? Certainement que non. C’est tout l’exceptionnalisme de cette agglomération. C’est le côté positif. Du côté négatif, les prix ici ont plus qu’ailleurs tendance à grimper. Mais surtout, ce qui se produit, est ce décalage extraordinaire entre deux types sociologiques. Les frontaliers, et les autres. Les frontaliers à haut pouvoir d’achat, et souvent à bas bagage culturel, ou plus exactement avec un niveau culturel qui ne correspond pas à leur niveau de revenu. Il faut vivre avec ce paradoxe, s’en féliciter puisqu’il apporte bien plus qu’il ne coûte à l’ensemble de l’agglomération. Un dernier aspect qui doit être signalé, est ce puissant ressentiment des frontaliers à l’égard de Genève. Elle leur donne leur pain, mais ils éprouvent de l’aigreur. Quand on les cuisine, ce qui en ressort est bien souvent leur sentiment d’être méprisé par la population genevoise. Un véritable complexe existe. Il ne paraît pas étudié, c’est dommage. Il serait utile de l’analyser et aussi de retourner la perspective pour chausser les bésicles genevoises. Nos voisins nous voient-ils vraiment comme une peste ? Ou bien sommes-nous en présence d’un système relationnel binaire classique entre l’immigré et le souchien, à ressentiments croisés ?