Ce qui doit être un vrai tourment pour les élus socialistes qui gouvernent la socialo-vivre-ensembliste ville d’Annemasse : les travaux sont toujours là, obstinément là, à l’approche des élections. Alors que les pelleteuses hibernent toujours à la veille d’un scrutin.

Il doit y avoir un léger incident de calendrier, un petit oubli, un minuscule «loupé» administratif. Rien de grave, évidemment.

Mais ne boudons pas notre plaisir. Profitons à fond de cette douceur poétique des chemins tortueux que les piétons suivent au milieu des gravats, avançant avec grâce sur ces tapis rouges (de la même couleur que la politique municipale : hasard objectif, sans doute), autant de chausse-trapes délicates pour les talons hauts. Du reste, on peut chercher ce type d’escarpin : il a disparu de l’horizon du costume féminin massivement diversifié, comme si la ville avait prohibé ce dress-code d’équilibriste.

Il faut rester juste. Quand tout sera terminé — après les élections, naturellement — et que tous les commerces auront été prudemment coulés dans le béton du progrès, on respirera.

Enfin une ville débarrassée du capitalisme mercantile ! Une cité pure, lustrée, entièrement livrée à la domination lumineuse des piétons, du tram, des trottinettes, des vélos électrifiés ou musculisés, et de cette joie simple : circuler sans jamais être tenté d’acheter quoi que ce soit.