La grande affaire est maintenant de ne surtout pas stigmatiser. Crime absolu. C’est le point d’orgue des communiqués politiques qui ont été publiés après les attentats de Paris. Pour être complet il faut aussi ajouter que la guerre aurait été déclarée, et que l’état d’urgence est décrété. La guerre est certes déclarée aux barbus de Daesh, mais comme c’est très loin la Syrie, ce sera surtout une guerre par procuration, par drones US et anglais interposés, par les troupes au sol des peshmerghas kurdes pourchassés par la Turquie, alliée objectif de ces braves barbichus masqués. Bref on ne risque pas de mouiller notre chemise dans cette guerre là, sauf si nous devenions sérieux et mettions nos actes en conformité à nos discours. Reste que nous pourrions en prime tirer un avantage industriel et financier de cet engagement si on réussissait à vendre les vieux chassepots qui équipaient les troupes françaises il y a cent ans, mais ce n’est pas certain, la Kalachnikov serait plus efficace, dit-on. Et sur le front diplomatique, le seul où le pays excelle, les discours seront impitoyables et pourtant magnifiquement équilibrés. Bachad restera l’ennemi voué aux gémonies, la liberté sera invoquée, et le «vivre ensemble» à nouveau célébré. L’été viendra, et il y aura plein d’animations culturelles courageuses d’Avignon aux quais de la Seine en passant par les réjouissances du parc de la fantasia à Annemasse. Il faut absolument qu’un nouvel épisode de «Plus belle la vie» intègre un jeune, égaré dans le djihadisme, mais avec un si bon fond que l’épisode suivant le ramènera à la raison.