Et pourtant il n’est pas de plus beaux métiers, à égalité, que journaliste et politique.Un philosophe vient d’écrire :

Le menteur est certes coupable, mais coupable aussi celui qui croit le menteur quand il aurait pu se douter qu’il mentait….Les politiciens sont un mélange de tout cela : publicitaires et salariés d’une religion, mafieux et commerçants. Je dis bien les politiciens, que je distingue des hommes politiques qui, eux, possèdent une vision de l’histoire et n’ont pas pour seul objectif d’être élus ou réélus…..Ces gens-là ont leurs penseurs : Platon qui justifie le mensonge dans La République pourvu qu’il soit pratiqué par les gouvernants et uniquement dans l’intérêt de la cité – c’est la naissance de la raison d’État. Machiavel qui, dans Le Prince, estime que l’homme qui veut exercer le pouvoir se retrouve face à deux questions : « Comment accéder au pouvoir ? ». Puis : « Quand on y est, de quelle façon s’y maintenir ? ». Deux questions qui ont une seule et même réponse : tous les moyens sont bons, une fois en utilisant la ruse du renard, une autre en ayant recours à la force du lion.

Après cette volée de bois vert sur les politiciens, on retient son souffle. Mais à la réflexion il est difficile de devenir un politicien quand ce n’est pas dans sa nature. On respire donc. Pour aussitôt transpirer encore quand l’énormité de ce qu’on fait surgit sous nos yeux.

Annemasse. La conquête par la vertu n’a pas fonctionné. La vertu est démonétisée. Aucun journal, aucun journaliste, informé du mensonge n’a même levé sa plume sinon pour le dénoncer, la fonction tribunitienne a disparu, du moins pour informer. Informer, pas se cacher sous une formulation obscure, et à la sauvette, dire qu’un chat est un chat.

Le mensonge sur le tracé du tram. Le mensonge sur les causes du recours de 2014. Le mensonge sur l’utilisation par la majorité municipale des moyens de la mairie dans un seul but électoral. Le mensonge sur le recours formé en 2015 qui dénonce cela. Quand ce n’est pas le mensonge, c’est le silence. Cependant que le silence ensevelit une moitié de la ville, l’autre paraît toutes les semaines, et même plusieurs fois par semaines, sous les feux des projecteurs de la presse. Pas une inauguration de sanisette sans qu’il n’y ait une photo du bon maire et le rappel de ses bienfaits.

Vae victis. Ce qui n’est pas une raison suffisante pour cesser le combat.