Des citoyens dans la ville s’émeuvent des trous noirs des chaussées.

On peut discuter de tout, des trous, des chaussées, de l’évolution de l’Homme et de la croissance des rayons gammas dans les trous noirs cosmiques, mais pour les dames qui portent des talons, pour les cyclistes qui ont été épargnés par les automobilistes avec qui ils sont en guerre, la présence de ces effondrements sous leurs roues ou leurs semelles, leur parle symboliquement de leur place dans la ville. Tous se disent qu’ils sont bien peu de choses. Et c’est vrai. Les trous noirs se rejoindront et la ville entière sera engloutie dans une gigantesque béance sociale. Le Bronx avant d’être le Bronx était déjà le Bronx, mais en mieux. La chute vers le pire est la crainte que l’on peut tous avoir. C’est pourquoi un trou dans la chaussée n’est pas seulement un obstacle dangereux, mais une charge symbolique. Il nous dit avec une pédagogie irréfutable que l’urbain se dessine en creux dans le macadam. D’où ce pessimisme qui se propage comme les rayons d’un soleil noir.

Un excellent article : Les trous noirs des rues d’Annemasse