À l’ouest d’Annemasse, le premier tour des élections apporte quelques réponses aux questions qui se posaient du fait du soutien UDI au MODEM, au lieu de l’UMP.

L’UDI départementale, quoique ce choix n’ait pas fait l’unanimité tant s’en faut, soutenait le MODEM en la personne du maire de Saint-Julien qui se présentait sous l’étiquette «Union du Centre». Il s’agissait de miser sur le maire de Saint-Julien sans égard pour le président sortant du Conseil Général, lequel se présentait en force et en binôme avec l’excellente députée, Virginie Duby-Muller.

L’UDI départementale, du moins dans ses instances dirigeantes, s’était faite discrète sur l’affaire de la soustraction de l’agenda du M Monteil par son rival maire de St-Julien. Le fait était pourtant assez extraordinaire, à tel point d’ailleurs qu’une plainte aurait été déposée. (Tribune de Genève : http://www.tdg.ch/geneve/grand-geneve/bataille-monteil-vielliard-entraine-trois-plaintes/story/15556255). Mais sur ce comportement dont l’appréciation pénale relèvera du juge si le parquet devait poursuivre, le silence est quelque peu embarrassant. Comment accepter, si les faits sont bien établis, qu’au sein d’une institution comme un conseil général, un conseiller puisse s’emparer de l’agenda d’un de ses collègues, en l’espèce le président du conseil général, sans lui en demander la permission ? L’accepter officiellement est bien évidemment impossible puisqu’alors tout deviendrait permis, et que n’importe quel comportement éventuellement délinquant serait approuvé dans une logique fondée sur l’idée que la fin justifie tout moyen. Gare alors aux dommages collatéraux. Sans même aborder l’épineuse question subsidiaire, si un comportement de cette nature s’est produit envers un rival, alors son auteur ne s’impose réellement aucune limite, et il devient dès lors dangereux et toxique même pour ses amis politiques, qui auraient raison de craindre un coup de poignard dans le dos. D’où le silence, et on le comprend.

Pour être complet sur cette affaire il faut aussi relever que le maire de St-Julien a de son côté porté plainte contre le président du conseil général à qui il reproche l’utilisation des moyens publics à fin électorale. L’apocalypse est à notre porte.

Cet évènement n’a toutefois pas été au cœur des débats électoraux. Il n’y a d’ailleurs eu aucune sanction du maire de Saint-Julien par son électorat, ce qui démontre que ce dernier n’en a jamais été informé, parce que s’il l’avait été il est probable qu’il y aurait eu quelques réactions négatives. C’est donc uniquement projet contre projet que les électeurs ont choisi. Ce qui est le fait politique intéressant. Ils ont choisi le binôme Monteil et Duby-Muller, dans une proportion de 28,61 % dans la ville de St-Julien, contre 30,37 % pour le maire, ce qui dans sa commune ne peut constituer une victoire, et à raison de 42,74% pour Virginie Duby-Muller et Christian Monteil dans tout le canton contre 20,74 % pour le maire de St-Julien, ce qui marque sa relative défaite en terme de notoriété sur l’étendue de la circonscription.

Conclusion, le choix de l’UDI n’était pas nécessairement le meilleur. Toute la question est de savoir si un autre choix était possible. La réponse ne peut qu’être nuancée, car si l’alliance avec le MODEM et son président départemental maire de St-Julien reste questionnable dans le contexte actuel, hic et nunc, il existait pourtant des arguments en sa faveur pour l’avenir, et notamment pour le fameux «troisième tour» à l’heure du choix du président de l’assemblée départementale. Mais pas uniquement. Il y aura aussi les régionales et enfin 2017. Reste la question éthique. Peut-on faire alliance avec un piqueur d’agenda ? La réponse sera donnée par les choix du parti, devant lesquels il faudra s’incliner ou s’en aller.