Michel Audiard a signé cette belle formule. Il n’est pas le seul à le penser.
«Aujourd’hui ce souci de communiquer une émotion, une atmosphère, appartient au passé. L’art contemporain s’en moque, comme il se moque du beau et de la maîtrise technique. Ce qui compte c’est le nouveau, l’original. Il ne s’appuie pas sur la tradition ni sur l’apprentissage du métier. Il s’est débarrassé de toute référence au passé, s’est lavé de toute passion, de tout sentiment. Il s’est dépouillé de toute référence à une histoire et s’épanouit dans une joyeuse célébration exaltée de l’avant-garde. En plus des médias traditionnels (peinture, pastel, etc.) l’artiste contemporain utilise déchets, métal, plastique, objets divers et même des excréments (depuis Manzoni on peut parler d‘une « école merdique» . D’aucuns mettent tout l’art contemporain dans cette école). Ainsi les salons de l’art contemporain ne sont plus des expositions de peinture seule, mais d’objets de toute sorte. C’est le «postmodernisme», terme qui signifie une rupture, une mise en question, et qui prétend être un reflet de notre époque. Peut-on le qualifier d’art ?» (une opinion sur le site Agoravox).
Réponse: non.
C’est une gigantesque escroquerie. Même si certains «artistes» sont sincères, la plupart sont simplement des arnaqueurs. Mais comme ils ont conquis, et les médias et l’école, qui se prosternent devant la posture de ces démiurges modernes, de ces gens qui vous plantent une chaise au plafond, sans maîtriser la moindre technique, sans le moindre art, aucune critique ne peut plus être émise contre nos génies créateurs autoproclamés. Silence donc. Silence dans les rangs. L’étonnant est la timidité de la critique, terrassée avant même d’être exprimée.
Hier soir au conseil municipal cela a été le cas. Une présentation des activités de la villa du parc nous apprenait qu’il y avait eu en 2014, 5800 visites, dont 3500 en groupes, comprenant les classes des écoles primaires, dont les enfants n’ont d’autre choix que d’obéir aux ordres des instituteurs, approuvés par le maire d’Annemasse qui a justifié qu’on n’avait pas à leur demander leur avis. Cette fréquentation au total de 2300 visiteurs indépendants confine au néant. Mais le néant coûte 250 000 € par an au contribuable. Une paille.
Je dis ce que j’en pense vraiment. Je ne crois pas en la posture idéologique des promoteurs de l’art contemporain. Le maire a raison de dire que cela nous différencie. Lui est dans le discours et l’illusion. Je dis que le roi est nu, et je dis avec Audiard que la peinture abstraite est une escroquerie. Une imposture.
Le maire d’Annemasse a cru pouvoir tirer un avantage politique des réticences qu’il percevait chez Louis Mermet et moi même. Sur les réticences il a raison, sur l’avantage politique, il est naïf. Ce n’est pas parce qu’on dit que 2300 visiteurs c’est à pleurer, qu’on se jette ipso facto dans les bras du FN. Et d’ailleurs quand le FN dit qu’à midi il fait jour, ce n’est pas parce qu’il le dit qu’à midi il doit faire nuit. J’irai périr en enfer, mais je dirai aussi qu’à midi il fait jour. Et si c’était le Front de gauche qui le disait, je le dirais encore avec lui.
J’accepterais plus volontiers l’imposture de l’art contemporain si elle ne coûtait pas un centime de fonds publics, et si seul le marché s’occupait de valoriser les colonnes de Buren. Sinon je suis très réticent, et c’est un euphémisme.
C’est pourquoi il faut trouver au moins un compromis entre les idolâtres et les contempteurs. Que la Villa du Parc, haut lieu de la culture annemassienne étende ses activités à d’autres formes d’art que le seul art contemporain, ce qui augmentera probablement sa fréquentation aujourd’hui dérisoire, et la dépense publique sera mieux justifiée.
Sinon, vae artis.