Il ne fait plus de doute qu’on traverse depuis quelques années une bien curieuse situation. Alors que sur la planète des foules imenses aspirent à la démocratie, nos concitoyens boudent les urnes. Paradoxe de ventres pleins ? Ou bien signe d’une attente différente ? On peut répondre à la question en tentant de culpabiliser l’électeur, qui du reste s’en fiche pas mal. Les seuls culpabilisés sont les élus. Jamais les électeurs boudeurs. L’électeur ne les écoute même plus. Le débat ne sera pas tranché en quelques lignes.
Mais on peut dresser l’état des lieux. La revue Esprit a publié une très intéressante statistique. Sur les trente dernières années, la participation n’a cessé de baisser, quelles que soient les élections. De cela nous ne pouvons pas douter.
Reste à trouver les remèdes pour la démocratie locale.
Le problème évident est que les institutions ne sont plus adaptées aux temps nouveaux. Les temps de la mondialisation, les temps des réseaux. La démocratie locale s’insérait jusqu’alors dans un territoire. Les élus de tout bord aiment d’ailleurs énormément ce mot de territoire qu’ils mettent à toutes les sauces. En oubliant l’étymologie (fantaisiste) qui trouve en territoire la racine de «terreur», le territoire entendu comme espace de la terreur des caïds locaux. Mais le territoire a explosé, et avec lui la démocratie du sommeil opposée à celle de l’activité. Tous autant que nous sommes nous appartenons à des réseaux, universels, internationaux, nationaux, régionaux, thématiques, professionnels, et locaux.
La dictature des potentats locaux qui puisent leurs racines dans la démocratie du sommeil, là où les gens concrets résident, lel soir après le travail, perd sa légitimité. D’où le paradoxal désintérêt de nos concitoyens qui pourtant sont unanimes sur le désir de démocratie.I ls ne votent plus, tout simplement parce que les questions purement locales ne les intéressent plus.
Le remède, je le risque, et j’accepte la contradiction, me paraît simple : faire participer à la démocratie locale les usagers de l’espace.