Rien n’est simple, tout peut se compliquer, et c’est généralement ce qui se passe en matière d’urbanisme. La volonté peut certes infléchir les réalités, mais il ne faut pas nourrir l’illusion qu’elle peut à elle seule définir le futur urbain.

Une ville est d’abord le produit de facteurs multiples. Ces facteurs sont essentiellement des facteurs «sociaux». Le producteur principal de la ville est la société, parfois sous l’impulsion de la politique. Lapalissade utile pour appeler à la modestie et limiter le délire des «ambitions», le poncif des discours électoraux. Au fait, on va peut-être rapidement connaître une nouvelle période électorale, grâce au tripatouillage de la liste du FN lors des élections municipales qui risque fort d’être sanctionné par le juge administratif, voire aussi par le juge pénal.

Annemasse entre dans une phase de révision du PLU, le document d’urbanisme qui régule par ses prescriptions la physionomie urbaine des années à venir. L’élaboration de cette politique urbaine part nécessairement de l’existant pour déterminer le profil du futur. Sauf à inviter les sbires de l’état islamique et Bachar el Hassad à venir ensemble dîner dans notre ville, on n’aura aucune chance de la reconstruire. Donc on fait avec.

Et là tout se complique.

D’abord la pression démographique. Sur les dernières années + 2,7 % par an dans la ville et son agglomération. Rien que pour Annemasse la projection donne en 6 ans :

2 014 32 000,00
2 015 32 864,00
2 016 33 751,33
2 017 34 662,61
2 018 35 598,50
2 019 36 559,66
2 020 37 546,77
2 021 38 560,54
2 022 39 601,67
2 023 40 670,92
2 024 41 769,03

En 10 ans + 10000 habitants. Au secours !

La conséquence en serait nécessairement la densification de tous les quartiers. Invivable serait un synonyme d’Annemasse.

Reste à trouver des solutions.

Comme il est clair que l’expansion démographique poserait d’insolubles problèmes, il faut la «maîtriser», nous dit l’adjoint à l’urbanisme. On sera tous d’accord sur ce point. Comment ? Par le PLU.

Ce qui signifie qu’il faut commencer à restreindre les droits à construire qui sont accordés dans les permis de construire; cela risque fort de déplaire à quelques-uns. Mais d’un autre côté il faut absolument éviter le cauchemar.

Le réflexe de l’expansion euphorique doit disparaître.

D’abord il est clair que par exemple il sera radicalement impossible de satisfaire les demandes de logements sociaux.

À Annemasse il y a actuellement 3000 demandes de logements sociaux qui ne sont pas satisfaites. Mais même si la construction se limitait à la production de 3000 logements aidés, alors par définition on augmenterait déjà la population d’au moins 6000 personnes, sauf à imaginer que les 3000 logements libérés par ceux qui intègreraient les 3000 nouveaux logements resteraient vides. Et en réalité comme les programmes de construction intègrent 20 % à 25 % de logements aidés, le reste étant vendu aux conditions du marché, en conservant la proportion de logements sociaux pour satisfaire une demande de 3000 logements de ce type ce serait quatre fois plus de monde que l’on retrouverait au final….24000 si 25 % de logements aidés, 30000 si 20 %. Dès lors la vérité vraie est que ce ne sera ni possible ni souhaitable.

Ainsi il est clair que la production globale de logements, aidés ou pas, va fléchir.

Il est aussi impossible d’élargir les rues; chaque fois que vous ajoutez un habitant, vous ajoutez la circulation de cet habitant et les services publics à cet habitant. Le lascar au XXI° siècle a la faiblesse d’être équipé d’une automobile, il fait pour l’instant mentir les altermondialistes et écolos de tout poil en prenant encore obstinément son automobile pour se rendre à Genève (95% en voiture, 5% des trajets en transport en commun pour l’instant) mais il est vrai pourtant qu’on ne connaît pas sa propension future lorsqu’il y aura le CEVA. Parions même qu’il le prendra quotidiennement pour son infernal mouvement pendulaire, il restera que le bougre aura encore la propension irrépressible de l’utiliser au moins le week-end, et parfois en semaine. Ajoutez un habitant et vous ajoutez des embouteillages.

Les choix se réduisent, le futur urbain appelle à une nouvelle sagesse, celle antique de proportionner la ville à la taille humaine, ce qui oblige nécessairement à écarter les excès, tous les excès. L’excès de population, l’excès de béton, l’excès de laideur, pour ne retenir dans la liste des maux nés de la démesure que les principaux.

Le futur PLU ne pourra que s’adapter à ces nécessités, ou bien produire de l’urbain qui chassera ses habitants dès qu’ils auront les moyens de voter avec leurs pieds, pour ne conserver en son centre qu’un cloaque misérable.

Il y a un chiffre qui doit aussi retenir l’attention, celui du chômage. C’est l’INSEE qui le présente : 14% de taux de chômage, contre 11,1 % à l’échelle de l’agglomération, laquelle inclut la zone de Gaillard. C’est plus élevé que la moyenne nationale. Une seule conclusion : les socialistes, partout où ils sont aux commandes fabriquent des pauvres.