Ce qui est en train de se passer pour les enquêtes qui visent le président Sarkosy est en soi, indépendamment de ce dont les dossiers accoucheront, d’une importance politique majeure.
Nos yeux s’ouvrent sur une réalité indicible, et qu’on a d’ailleurs tant de mal à conceptualiser que l’ensemble des médias ne l’évoque quasiment pas. Cette réalité c’est celle de la politisation des magistrats qui prétendent à l’indépendance.
Le paradoxe est qu’il est parfaitement vrai qu’ils sont indépendants du politique. Personne ne pourrait aujourd’hui dire le contraire. Mais ce qu’on ne dit pas c’est que les magistrats dans le même temps qu’ils sont indépendants sont partisans et interviennent dans le champ politique.
La mise en cause de M Sarkosy vient de nous le démontrer.
Car ce qui frappe c’est le timing choisi. Quinze jours avant une élection qui s’annonçait mal partie pour les socialistes, les révélations du journal Le Monde jettent un gros pavé dans la marre.
Alors qu’il était extrêmement facile pour nos magistrats indépendants d’attendre que les élections fussent passées avant de flanquer leur poing dans la figure de la droite honnie. Si cela c’est passé ainsi, c’est une évidence, c’est uniquement parce qu’ils ont eu une volonté délibérée de porter un coup. Imaginer qu’ils seraient si extérieurs au monde qu’ils ne se seraient rendu compte de rien est au fond leur faire injure en les prenant pour des bobets, qu’ils ne sont certainement pas.
Donc c’est volontaire.
Donc ils interviennent dans le champ politique.
Donc ils sont partisans.
Le phénomène échappe à notre perception immédiate parce qu’on n’est pas habitué à penser les magistrats comme acteurs politiques. On les imagine si volontiers comme les proies des politiques, que l’inversion des polarités qui les voit se transmuer en prédateur des proies politiques passe inaperçue.
Et il y a encore autre chose.
La chasse est ouverte contre la droite, pas la gauche comme le montre la situation à Marseille, et il est une question qui doit être posée. Comment se fait-il que le journal Le Monde ait eu de telles informations ? Bien sûr on pourrait se dire que c’est bien naturel, que les journalistes ont fait simplement leur travail. C’est vrai, mais c’est insuffisant. Parce qu’il existe un tabou. L’enquête est secrète. L’instruction est secrète aussi, à tel point que c’est une infraction d’en violer le secret. Mais pour Sarkosy plus rien n’existe, tout est étalé dans la presse. Mais comment cela est-il possible ? Par qui, pourquoi, comment, ce scandale d’une violation du double secret de l’enquête et de l’instruction est-il arrivé, à qui profite ce délit ?
La République doit être réformée, et Carthage détruite, avec la fiction, pour qu’on voie bien la réalité dans le soleil de midi.