Du haut des marches de la mairie, plusieurs décennies de sectarisme vous contemplent et vous crachent à la figure. La dernière manifestation en est le choix du nom de Stéphane Hessel pour baptiser une placette. C’est du sectarisme pur. Louis Mermet a proposé justement le nom de Camus au lieu de celui d’un minable poujadiste de gauche, devenu non par son talent, mais par la seule promotion médiatique des bobos parisiens, la coqueluche de la gauche le temps d’un pamphlet contre le libéralisme qui a lancé le mouvement des indignés. Le sordide penseur laissera dans l’histoire le souvenir de son égarement dans la haine de la société dans laquelle il vivait. Tout n’est pourtant pas mauvais dans cet homme qui avait choisi le camp de la résistance un an avant que les communistes ne désertent la collaboration avec les nazis, et alors que la majorité des députés socialistes du Front Populaire avaient eux aussi choisi la lâcheté de cette même collaboration en soutenant Pétain. C’est le Front Populaire qui a investi Pétain, et ça il ne faut jamais l’oublier. Hessel a été résistant. Mais c’était il y a bien longtemps. Depuis il a osé écrire, et dire, que l’occupation de la France par les hordes nazies avait été légère, comparée à celle de la Palestine par les Israéliens : «L’occupation allemande était, si on la compare par exemple avec l’occupation actuelle de la Palestine par les Israéliens, une occupation relativement inoffensive, abstraction faite d’éléments d’exception comme les incarcérations, les internements et les exécutions, ainsi que le vol d’œuvres d’art.». C’est ignoble.
Cet homme a donc soutenu sciemment un mensonge honteux. Une place portera son nom. Ce sera la place du déshonneur. Cet épisode montre dans la clarté qu’au cœur de l’équipe municipale majoritaire d’Annemasse s’épanouit l’idéologie la plus sectaire. On oublie trop vite le passé, même récent. Ce choix qui n’est pas innocent prolonge celui de Barbusse pour le bout de l’avenue de Verdun. Barbusse, autre figure de gauche qui elle a collaboré avec le crapuleux Staline au point de vivre à Moscou dans les années de terreur, sans rien remarquer, et en chantant le paradis quand sous ses fenêtres les déportés vers le goulag passaient silencieux.
Les noms de rue, de place, de lieu public doivent faire consensus et non diviser. On peut même être certain qu’au sein de la majorité municipale seuls quelques-uns ont imposé ce choix absurde. C’est pourquoi il faudra défaire ce tissu cousu d’ignominies sectaires. Plus que jamais il faut détruire Carthage.