On cite dans la presse des augmentations de l’imposition locale de plus de 6% sur le territoire français.
Le débat d’orientation budgétaire à Annemasse ne montrera pas ces chiffres.
Mais attendez un peu, et vous verrez, que cela viendra par deux canaux :
– la ville d’Annemasse.
Si son maire a proclamé sa volonté de maintenir le niveau d’imposition, il n’a pas engagé les efforts corrélatifs de diminution des charges courantes. Or, il faut se souvenir que ces dernières augmentent depuis des années plus vite que les recettes. Les recettes suivent en gros la courbe de l’inflation, que ce soit pour la principale qui est la DGF, (Dotation Globale de Fonctionnement) versée par l’État, ou celles extraordinaires des fonds frontaliers et du casino qui représentent ici le quart du budget. Mais les dépenses de fonctionnement croissent d’année en année plus vite que le taux de l’inflation. Si bien qu’à terme cela tendra la situation et réduira les «marges de manœuvre », comme aimait le dire le précédent adjoint aux finances.
– l’agglomération.
Là on entre dans une espèce de spirale imbécile d’augmentation non contrôlée. Par exemple l’augmentation de plus de trente personnes des effectifs, sans qu’il n’y ait un seul poste transféré depuis les communes. Par exemple encore la construction qui se fera bientôt du siège à coup de millions d’euros. C’est stupide et pourtant ce sera fait. D’autres occasions viendront de prendre de nombreuses décisions encore plus intelligentes. Le trait commun de tout cela étant que jamais un élu, et apparemment quelque soit son bord politique, ne se demande et demande si tel ou tel projet n’est pas «trop cher». Jamais. Nous tous nous nous posons toujours cette question qui en conduit beaucoup (ceux qui ne sont pas surendettés) à renoncer souvent à des dépenses. Mais chez les élus, jamais. La question n’a pas de sens. Ce n’est pas leur argent. D’où l’absence de toute limite aux investissements, à l’engagement de personnels, si ce n’est le principe intangible pour les collectivités locales de l’équilibre budgétaire, qui sauf recours à l’emprunt, ou recours à l’augmentation des impôts, oblige à une légère contrainte. Mais les augmentations massives des impositions locales depuis des décennies, souvent au prétexte du transfert des charges par l’État, sont là pour en témoigner, la limite n’est pas infranchissable. On la balaye par l’emprunt, et nombre de collectivités qui ne bénéficient pas de fonds frontaliers, ou de casino, en sont des exemples. Et par l’augmentation des impôts.
C’est pourquoi on devrait, devant ces dérives qui tombent si mal en cette période, affirmer un principe général de parcimonie dès que l’argent public est en jeu. En attendant une réforme en profondeur de tout le système d’imposition français.