Lors de ce conseil, il y eut plusieurs échanges, parfois vifs,
sur des sujets dont l’importance immédiate était très relative, tout en
révélant sur le fond, l’empreinte idéologique.
Ainsi pour
l’aménagement de la place de la Libération. L’assiette des honoraires
du maître d’œuvre est passée de 4 à 5 millions, et je m’en étais ému
dans ce blog. Mais c’est uniquement l’assiette qui a été modifiée, si
bien que la dépense globale, elle, n’a pas bougé. Pas de quoi se mettre
à dos la SPA en fouettant un chat ! (Surtout, même pour les questions
importantes, ne frappez pas les animaux. Frappez plutôt vos conjoints,
et courrez chez un avocat pour être immédiatement défendu). La question
était minime. La véritable question était ailleurs : dans la définition
des travaux concernés, tout orientés sur l’extension d’un désert urbain
aux rues périphériques. Les amis, on nous prépare le désert, glacé ou
torride selon les saisons, du parvis du collège aux fins fonds de la
rue de la République, en passant par le monument aux morts. Cette
question-là n’était pas en débat. C’est elle qui est importante.
Ainsi
aussi de la fixation d’une indemnité d’expulsion pour le dernier
« agriculteur » d’Annemasse, au Brouaz. On lui paye le foin perdu, à ce
koulak, ce qui est bien normal. Mais insignifiant. En revanche, ce qui
était puissamment significatif était le discours accompagnateur de
monsieur Borel, qui est intervenu aux débats pour dire tout le mal
qu’il pensait de la propriété. Pour lui il est anormal que les
propriétaires s’enrichissent des plus values de leur bien. La propriété
pour lui devient un vol, comme je l’ai résumé. Louis Mermet est aussi
intervenu pour exposer dans la clarté que la propriété était ce qui
était le plus taxé en France : par les impôts fonciers, par les taxes
sur la plus-value, par les droits frappant les ventes, par les droits
frappant les successions, par l’impôt sur la fortune. Et il a raison.
La question était marginale, mais les propos de monsieur Borel, reflets
d’une idéologie caricaturale étaient plus inquiétants.
Cela
m’inquiète parce que le président de l’agglomération ne rate pas une
occasion pour dire tout le mal qu’il pense de la propriété. Pour
l’atteindre, il pourfend la « spéculation ». Mais qui n’est pourtant
rien d’autre que l’effet mécanique de l’élévation des prix due à la
raréfaction des biens dans les centres urbains. Si on laissait à
monsieur Borel un pouvoir législatif, il nous corrigerait tout cela en
fixant de manière autoritaire et dérisoire la valeur des biens, bref en
procédant à leur spoliation, mais sans indemnité préalable. Tous des
koulaks ! Il reste à les déporter en Sibérie. Les morceaux choisis de
cette idéologie ne seraient pas inquiétants si monsieur Borel était un
simple citoyen. Mais il a été maire pendant des décennies. Et surtout
aujourd’hui il préside aux destinées de l’agglomération. C’est pourquoi
j’ai eu tant de mal en juillet à surmonter ma nature pour voter comme
Annemasse, au cours d’une séance où je remplaçais Louis Mermet, pour
une autre spoliation, après le discours de son président. Identique à
celui servi au conseil municipal. Je n’irai plus au conseil
communautaire.
Ainsi aussi des questions qui ne seront pas
posées. Par exemple sur les cantines, on pouvait craindre que derrière
la réduction de 5 plats à 4 se profile la question des menus « halal »,
avec la proposition inacceptable qui fut faite au stade d’une
commission municipale par des conseillers de la majorité, de la
suppression de toute viande pour éviter l’infraction à des
prescriptions religieuses d’un autre monde, d’un autre temps. La
question, si elle n’est posée aujourd’hui, se posera demain. Elle
conduira à un véritable choix de société.
Ainsi pour le JIM. Il
va passer à 24 pages en quadrichromie, toutes dévolues à la gloire de
son excellence le premier magistrat, et de ses acolytes (ne lisez pas
»alcooliques ». D’abord je ne l’ai pas écrit, ensuite je ne le pense
pas, et enfin si j’y insiste c’est que je connais quelques conseillers,
et conseillères, qui seraient bien capables de faire une confusion). Le
tout pour des dizaines de milliers d’euros pour l’impression et autant
pour la distribution. La seule proposition raisonnable est sa
suppression. Surtout au temps d’internet et à l’heure où tous les sous
municipaux devraient être employés sur la question prioritaire du
développement. La majorité a refusé l’idée de cette économie. Tant pis
pour elle. Elle sera emportée aux géhennes de l’histoire quand son
heure viendra.
Et puis il y a au moins une question de
consensus. Celle de la vidéo surveillance. La question n’était pas en
débat, mais s’est introduite subrepticement à l’occasion de remarques
faites par votre serviteur sur le dispositif de la médiation. La
majorité n’ose plus aller contre un projet qui est approuvé en réalité
par quasiment toutes les couches de notre société. Le maire y avance à
reculons, mais y avance tout de même. Il freine. Nous devons maintenir
nos efforts sur ce point. Il y viendra avec sa majorité composite.
Ainsi va le monde, munificent et municipal.