Cette question qui aurait pu diviser profondément le conseil l’a finalement uni. Un débat s’est noué autour de la proposition de modification du règlement intérieur. Mais le projet de délibération proposait un texte rédigé dans ce jargon bureaucratique et administratif qu’affectionnent tant nos élites communales, si obscur qu’on pouvait l’interpréter comme signifiant l’introduction de la nourriture halal dans les menus des crèches. Le maire a précisé, face à nos interrogations, que le sens était exactement opposé. Il a proposé de rajouter un rappel à la laïcité pour clore toute polémique. De ce fait nous avons été d’accord.

À la réflexion il est possible qu’on se soit fourvoyé, et que la modification du règlement puisse donner lieu à une interprétation contraire. Mais enfin il restera les débats et les engagements pris par le maire. Il restera aussi tous les principes républicains auxquels nous sommes tous attachés, et que nous défendrons contre toute dérive.

Mais pourquoi diable être contre l’introduction de la nourriture halal dans le menu des crèches ? Après tout il appartient aux seuls parents de chaque enfant de décider de leur diète. C’est vrai, mais c’est vrai aussi que les interdits alimentaires, dénués de toute justification scientifique et qui ne sont au final que des ramassis d’imbécilités, aboutissent en fait à l’enfermement de leurs sujets dans une prison idéologique qui les retranche de la communauté nationale. Or l’école républicaine doit s’adresser aux enfants, et à eux seuls. La crèche républicaine aussi. La République libère, et n’asservit pas. Du moins dans son idéal. Ce qui conduit à cette conséquence que sont seuls tolérables les interdits, alimentaires ou autres, qui consisteront en une abstention, parce que s’abstenir est la liberté de chacun, mais qu’ils ne peuvent radicalement pas être acceptés quand ils obligent l’institution à s’adapter à eux, et s’ils ont un caractère intrinsèquement hégémonique, ils ne peuvent encore moins être tolérés dans leur prétention éventuelle de s’imposer à tous. La République c’est la liberté. Et nous y sommes viscéralement attachés.