C’était au conseil municipal d’Annemasse dans sa séance du 21 septembre 2017.
La question posée était entre autres celle de la solidarité internationale. Deux associations pleines de bonnes intentions et d’équité transméditerranéenne demandaient les subventions de la ville pour leurs projets, également dignes d’intérêt. Ce qui n’est pas le problème.
Il a été intéressant de constater les différentes positions exprimées.
Le représentant des Républicains, qui représente aussi lui-même, s’est opposé au motif que ce n’était pas aux communes de se faire les rouages de la solidarité internationale. Il n’a pas tort, mais cela n’épuise pas le sujet.
Il lui a été répondu par un adjoint socialiste, apparatchik socialiste (ça existe encore), qui entre ses activités politiques travaille dans l’entourage de l’autre maire socialiste de l’agglomération, dans une grande envolée lyrique sur fond de culpabilisation qu’il était obligatoire d’être solidaire de l’Afrique, avec l’idée aussi, juste celle-là, qu’en aidant ce continent on permettait à ses populations de rester sur place. Il s’emporta quelque peu contre le représentant très minoritaire des Républicains.
Il avait bien tort dans son expression en tout cas, et c’est la question que je lui ai posée, car on se demande bien combien il offre à la solidarité sur ses traitements d’adjoint. Comme il n’a pas répondu, c’est probablement très peu.
Et c’est là que le bât blesse encore. Car au fond il s’agit encore d’une charité faite avec l’argent des autres. La question qui se pose est de savoir si le citoyen de la ville est d’accord avec cela, et dans quelles limites.
Le maire est alors intervenu, ayant la parole en dernier, en premier, au milieu, et tout le temps qu’il veut, encore qu’il n’en abuse pas véritablement. Il a assené l’argument décisif : la solidarité internationale était dans son programme et ils avaient été élus.
Je ne retrouve pas les documents de propagande de l’équipe majoritaire aujourd’hui, si bien que je peux me tromper. Mais il me semble que durant la campagne s’il a été question d’Annemasse capitale mondiale de la solidarité, avec sa cité de la solidarité, c’était surtout en référence aux étages des nouveaux bâtiments occupés par diverses associations très productives de vivre-ensemble, mais qu’à aucun moment il n’avait été question de chiffres, de subventions, et de combien cela allait coûter au contribuable.
Encore une fois je peux me tromper, mais en toute hypothèse, le fond du problème reste entier. Et si j’ai voté contre ces subventions, c’est parce que je ne crois pas que sans un mandat express de dépenser l’argent public ainsi, donné par les électeurs, on doit s’en abstenir. J’attends la démonstration du consentement éclairé des électeurs.
Et au-delà même de ces réserves y en a-t-il encore une autre. À supposer que l’électeur majoritaire ait consenti à la dépense, l’électeur minoritaire lui n’y a pas consenti. S’il s’agissait de dépenses nécessaires de la ville, le droit de l’électeur majoritaire ne se discuterait pas. Mais quand il s’agit de dépenses qui pour le moins sortent de la sphère habituelle de compétence d’une commune, alors la même question se pose de savoir si on peut démocratiquement imposer un tel choix. Si par exemple il était dit dans le programme de la majorité lors des élections que la ville allait subventionner des associations de joueurs au casino, on ne peut pas penser que cela serait acceptable, même approuvé par une majorité d’électeurs.
Il faut un minimum de consensus sur la dépense publique.
Toujours dans le même chapitre de la solidarité internationale, curieusement, est venue une délibération pour une subvention en faveur des sinistrés de nos Antilles. Le représentant des Républicains et de lui-même a exposé alors que ce type de solidarité appartenait à l’État. Cela a provoqué l’ire d’une conseillère appartenant à la majorité et originaire de ces rivages enchanteurs, qui a très justement protesté que les cyclones qui venaient de s’abattre avaient eu des effets dévastateurs.
Mais là il ne s’agissait plus de solidarité internationale, les îles dont on parlait sont des départements français, et les Antillais sont nos concitoyens. C’est donc notre citoyenneté qui est en jeu dans ces aides que nous avons le devoir d’apporter. Le réflexe ici est celui de notre défense collective contre les calamités naturelles, de Dunkerque à Nouméa en passant par Saint-Denis, Pointe-à-Pitre et Fort-de-France.
Ainsi va le monde. Mieux à la fin de la soirée qu’au début.