Ce qu’il y a de bien avec le centrisme, c’est qu’il n’en finira jamais de se transformer et tel le phénix de renaître de ses cendres quand on le croit mort. Parce qu’il est fondé en fait sur des valeurs constantes, qui ont déjà traversé les siècles et qui poursuivront leur carrière tant qu’il y aura des hommes de bonne volonté.
Tous ceux qui ont traversé depuis quelques décennies ses diverses déclinaisons, et qui ont eu l’idée de conserver leurs cartes d’adhérent, pourraient presque en tapisser un mur. La dénomination peut changer en quelques années, voire en quelques mois dans les périodes fastes. Hier sous telle étiquette, demain sous une autre. Hier UDF, puis CDS, puis Force Démocrate, puis (j’en oublie) UDF, puis Nouveau Centre, puis UDI, puis….L’Alternative. La carpe et le lapin, l’UDI et le Modem, Borloo et Bayrou. Un journaliste du Figaro a évoqué sur iTélé l’alliance de l’aveugle et du paralytique. Le mot est joli, mais il est inexact. Ce que ces métamorphoses démontrent c’est d’abord la vitalité des idées centristes.
Même quand on ne nourrit aucune sympathie à l’égard du Modem, marqué par des idées fumeuses sur la VI° République, son ralliement à la gauche, et surtout par une ambition démesurée de nombre de ses personnalités, à commencer par Bayrou et en redescendant jusqu’aux échelons les plus locaux et les plus obscurs, on ne peut en rejeter le demi-tour droite. Le fâcheux effet girouette qui en résulte n’est bien entendu pas la marque de la force des convictions. Il est le signe patent d’un égotisme démesuré, intéressé et simplement calculateur, mais peu importe.
Même sans sympathie à son égard il faut accueillir comme une bonne nouvelle son ralliement aux valeurs qui ont toujours fondé le centre droit, et à sa nécessaire alliance avec l’UMP, c’est à dire avec la droite «républicaine». La création de «l’alternative» est raisonnable, et tant qu’on ne demandera pas aux militants du Nouveau Centre, de l’UDI, et du parti Radical de suivre Bayrou que beaucoup abhorrent, tout se passera bien. Si l’alternative devait devenir fusion, on peut parier que derrière surviendrait l’une de ces scissiparités dont les centristes ont le secret, qui est inscrite dans leur ADN comme un moyen de survie.
Il est difficile aujourd’hui de prédire le succès ou l’échec de la démarche raisonnable engagée au sommet des appareils politiques. Nombreux seront ceux qui la soutiendront pour que vive le centre, et ses idées démocratiques, libérales, fédéralistes. Elle s’inscrit dans une juste stratégie de conquête du pouvoir, pour laver le pays de la pollution socialiste.