La Tribune de Genève, le 19 juin évoquait l’accord survenu à Nantua entre toute une série d’intervenants du côté français représentant le Département, la Région, l’Arc, etc., et trois conseillers d’État genevois côté suisse, sur le contenu d’un acte de coopération transfrontalière qui sera signé au milieu du lac Léman le 28 juin prochain.

Sauf si le Titanic coule avec à son bord tous les requins de la politique qui finiront par s’étriper dans les eaux profondes du lac, à moins que par une paix soudaine ils décident de limiter leur appétit aux seuls contribuables, conformément à la nature animale en général, et à celle du requin en particulier, qui hésite à transgresser le tabou du cannibalisme.

Sauf cette hypothèse, la version 2 d’un projet d’agglomération franco-valdo-genevoise sera signé, qui prévoit un investissement de 240 millions sur dix ans de nos partenaires suisses, dans des opérations d’intérêt transfrontalier. Ce document sera transmis à Berne, dont on craint toutefois la Justice et la rigidité légendaire, surtout quand il s’agit d’investir les sous d’un fédéré de Zug dans un truc qui lui ferait sortir son fusil d’assaut de dotation et tirer sans sommation. Berne = des sous, si ça veut rire.

«Au-delà des exigences des Français, le Conseil d’État venait rappeler qu’il ne signait pas un chèque en blanc. Ainsi, seuls des projets d’intérêt transfrontalier sont éligibles. La liste comprend du ferroviaire hors CEVA, des parkings relais, des bus, des trams ou une école d’infirmières transfrontalière. Soit, au total, des projets d’un montant de 700 millions d’euros. «Il est normal que Genève cofinance des infrastructures en France voisine pour autant que celles-ci contribuent à améliorer la qualité de vie de notre agglomération», souligne le président du Conseil d’État.
Français et Genevois se sont donc donné rendez-vous jeudi 28 juin, sur le Léman, stylos en main», nous dit la Tribune.

Tout dans les routes, alors qu’il y a des casinos, le tiercé, le loto, le JIM, c’est à ne rien comprendre.

Cette question de la coopération transfrontalière, passionnante en réalité, a été non pas débattue au conseil municipal du 25 juin, mais évoquée par le maire qui pouvait ainsi replacer son action internationale au centre des futurs articles du Dauphiné et du Messager. (Ce sera un immense plaisir pour tout son fan-club, dont je suis, de recevoir cette information divine par ses messagers terrestres). Comme il n’y avait rien à voter, et que le point suivant était le compte administratif, les passions se sont déchaînées, la poudre a parlé, et tous les conseillers endormis devant leur télé portable se sont brutalement réveillés. Le maire aussi avait parlé.

Nous sommes sur la même galère, pour résumer la nécessité de cet accord. Mais c’est fou comme les systèmes d’idées sous-jacents aux discours se manifestent en pleine lumière quand les enjeux sont importants. Alors que tout le monde autour de la table du conseil était d’accord sur ce projet mené à l’échelle régionale, le maire a évoqué le principe qui lui tient à cœur, de «solidarité» entre Genève et son environnement. Pour ma part j’ai regretté ce mot pour lui préférer l’idée de la nécessité. Pour beaucoup, à commencer par nos voisins, la solidarité peut évoquer la charité. Or, ce n’est pas la charité que les Genevois, Bernois, Zougois, etc. vont faire à la France voisine, c’est une réponse commandée par la nécessité.

Parce qu’on le veuille ou non, et surtout que les Genevois le veuillent ou non, pour commencer par eux, les embouteillages à Etrembières, (il n’y en a jamais à Annemasse), interagissent avec la circulation à Genève. C’est pourquoi et dans le seul intérêt égoïste des Genevois, pour gérer l’asphyxie qui se profile, il vaut mieux pour eux participer à un investissement dans un parc de stationnement relais à Etrembières, plutôt que d’essuyer une charge accrue de véhicules. C’est comme ça, et il n’y a aucun autre choix (raisonnable) possible.

Mais ce n’est pas gagné. Ça l’est d’autant moins que le bel optimisme de notre maire, qui voit poindre un «accord politique de fond», lors de la rencontre lémanique du 28 juin, risque de se heurter à un péril autrement plus dangereux que des icebergs échappés des sommets valaisans et charriés par le Rhône, celui de la démocratie Suisse. Parce que là, avec la meilleure volonté, les pièges de la démocratie la plus exemplaire au monde peuvent couler n’importe quel projet. Surtout un projet signé sur un lac. On se souvient de la traversée de la rade. Avec un peu de chance, j’aurai tort et cela se fera. Tant mieux.