Mais qu’est-ce que feu César Birotteau vient fiche à Chablais-Parc ?
César Birotteau, le personnage d’un roman de Balzac, était un commerçant qui avait fait faillite. À cette époque la faillite entraînait la perte de l’honneur. Et tout le combat romanesque du personnage balzacien était cette reconquête de son honneur perdu en remboursant ses dettes, toutes ses dettes. Le roman s’achève sur cette réhabilitation et sa mort.
Contraste saisissant, le plus grand architecte de notre univers, lui, a vu sa société ROLINET ET ASSOCIÉS tomber en liquidation judiciaire. Mais il n’est pas question qu’il rembourse ses dettes.
Et il s’en est expliqué le 11 février 2009 dans une réunion ouverte au public organisée par l’association Espace-Libre, à Annemasse.
Il a dit d’abord qu’il avait le sens de l’éthique. Tant mieux. S’il ne l’avait pas, ce serait terrible. Mais son sens de l’éthique est un peu particulier.
Il a expliqué à toute l’assemblée, que sa société avait déposé le bilan, qu’elle avait des dettes à l’égard des impôts, la TVA, et l’URSSAF. Il ajoutait qu’il était normal de procéder ainsi, et que tout le monde l’avait encouragé en cette voie, y compris le tribunal. C’est alors qu’il compara cela à la coupure d’une branche.
Mais lui, il continuait en toute éthique ses activités, sous le couvert d’une nouvelle société, celle là en Suisse, laquelle apprend t’on est inscrite au RC de Genève depuis le 16 février 2006.
Frisson. On rêve. Ce serait éthique de se débarrasser de dettes en plombant une société ARL à deux sous (30000 € de capital social), pour utiliser une autre à Genève, sous le même nom ou presque, avec le même dirigeant, qui poursuit les travaux précédents ou a été attributaire des marchés, on ne sait à ce stade, mais sans les dettes. Les dettes c’est pour les autres, les petits, les bouseux. Lui il est au dessus de ces contingences.
Et tout le monde, nous a t’il dit, le savait. Il faut en déduire que le maire savait. Que son prédécesseur savait.
Alors même que l’article 12 du code de déontologie des architectes décide que :
« L’architecte doit assumer ses missions en toute intégrité et clarté et éviter toute situation ou attitude incompatibles avec ses obligations professionnelles ou susceptibles de jeter un doute sur cette intégrité et de discréditer la profession».
Intégrité. Éthique. Laisser sa société criblée de dettes, dont notamment celles à l’égard de tous, parce que les impôts c’est bien nous, et l’URSSAF, c’est nous aussi, tomber en liquidation, c’est parfaitement honnête. La mettre en liquidation pour poursuivre les mêmes contrats sous une autre casquette, c’est-à-dire encaisser des horaires, c’est éthique, c’est intègre. Chiche, on explique le schéma à un enfant de 10 ans et on lui demande si c’est honnête !
En tout cas, notre génie aujourd’hui genevois, il y a peu de chances qu’il rembourse le premier sou aux créanciers de sa société. Il est trop intègre ce garçon, en plus d’être si bon, et ça le perdra. Quant à la majorité, elle se prête à un montage que la morale réprouve.
On rend à César ce qui est à César, l’honnêteté. Et on rend au génie ce qui lui appartient. Sa définition de l’éthique. Il n’y a que le grand vizir à qui je ne sais que proposer. J’avais bien pensé qu’on on aurait pu lui offrir les plans d’un minaret au sommet de la grande tour de 17 étages, mais il paraît que notre génie veut y mettre une éolienne. Un vizir venté, ça ne se fait pas.