Cela se passe à Annemasse.
La première réaction, quand on connaît l’histoire, est de se dire que les banques sont formidables.
Elles font toujours les bons choix, et nous font quotidiennement bénéficier de leur munificente générosité en n’hésitant pas à s’installer au cœur de nos villes.
D’ailleurs, c’est bien simple, il n’y aura bientôt plus que des agences bancaires dans nos rues. Les commerces ferment. Sauf les chaines de fringues, de bijoux, de parfums, qui occupent les espaces laissés par les banques.
Ainsi place de la poste. Un bistrot ferme. Une banque ouvre. Il n’y en a rien que 3 autour de la place, et si on ajoute la poste, on se dit qu’on est chanceux, et qu’enfin on va connaître toute l’animation de quartier que les financiers nous procurent.
Les commerces traditionnels, eux, ferment.
Ainsi, celui Rue des Vétérans. Un commerce de presse. Un couple travailleur l’animait depuis quelques années. Un bon chiffre d’affaires, des bilans annuels tous positifs, mais un récurrent problème de trésorerie.
La trésorerie est ce qui permet d’ajuster les recettes et les dépenses. Et de deux choses l’une : ou bien l’acteur économique dispose de fonds propres, ou bien il obtient un crédit de son banquier.
Ce commerce ne disposait pas de fonds propres suffisants. Il recourait donc à la banque. Le couple de commerçants expose que les premières années c’était sous forme d’un découvert classique, puis que depuis l’an dernier le banquier leur avait imposé un autre mode de financement, par un emprunt.
Un prêt dit de « restructuration » était intervenu, et dès lors ils n’eurent plus aucun découvert autorisé.
La vie continuait cahin-caha, avec de temps en temps des découverts malgré tout, qui généraient des frais financiers colossaux, et qui étaient résorbés les jours suivants.
Puis vint la catastrophe. La rue des Vétérans au lieu d’être fermée au mois d’août le fut en septembre par les travaux entrepris. Du coup le chiffre d’affaires enregistra -30%. Un coup de fusil ou presque.
C’est alors qu’on peut comprendre à quel point les banques sont de merveilleux acteurs.
Les commerçants racontent. Pour faire face à cette chute brutale et exceptionnelle, il leur fallait un tout petit découvert. En proportion moins de 1% de leur chiffre annuel. Autant dire rien. Et en plus, ils sont cautions de leur affaire. Mais leur banquier, dont ils louent la profondeur de vue, l’intelligence, la sagacité et le courage, vit arriver un chèque qu’ils avaient tiré pour payer leur principal fournisseur sur lequel il manquait quelques centaines d’Euros. Epsilon rapporté au chiffre d’affaires.
Et leur banquier, dont ils ne peuvent penser que du bien, sauf à être des ingrats, ce qu’ils ne sont pas, rejeta le chèque. Un vrai geste courageux. Car il faut être courageux pour appuyer sur la détente d’une arme pointée sur un blessé.
Ce qui entraine aussitôt l’inscription du commerçant sur les fichiers de mauvais payeur. Ce qui a pour conséquence de lui interdire en pratique de changer de banque.
Piégé. Voilà le couple piégé.
Toutes leurs démarches, leurs suppliques, l’intervention des médiateurs, l’intervention du maire, l’intervention des organismes nouveaux, toute leur énergie, tout se heurta au refus de leur banque.
Coulés. Après avoir été piégés, ils étaient coulés. Ils ont depuis dû fermer, n’étant plus livrés.
Quand on pense aux orientations retenues par le gouvernement, par le Président de la République, on imagine le succès que de tels plans recevront. Mais, aux acteurs de la cité de se souvenir. Des gens courageux d’abord. Et de la banque ensuite. Quand on choisit un partenaire, financier ou non, mieux vaut tout considérer.
Toutes forces politques confondues, nous devons par des démarche communes, sauver notre économie locale. Je l’appelle de mes vœux.