D’abord, qu’est-ce que le JIM ?
Un journal. LE journal d’informations municipales. Journal gratuit, distribué dans les boîtes aux lettres.
Au fil du temps il est devenu de plus en plus agréable à l’œil. De véritables professionnels se chargent de sa mise en page.
Le contenu, c’est une autre histoire. Le contenu c’est l’expression de la majorité municipale.
Une vingtaine de pages d’expression. On sait tout, absolument tout, sur tous les projets. Tout sur les bâtiments inaugurés. Tout sur les équipements. Mais rien sur ce qui ne va pas bien, ou simplement qui ne va pas très bien.
Cela n’a rien d’étonnant, car on ne voit pas pourquoi la majorité municipale tendrait des verges pour se faire battre.
Mais quand même, le thème du « tout va bien », à force, ça lasse.
Et puis aussi un seul son de cloche, à la fin des temps, surtout dans un pays démocratique, ça finit par faire désordre. C’est pourquoi notre sage législateur a prévu de réserver un droit d’expression aux minorités dans les journaux municipaux.
C’est en application de ce droit que les minorités à Annemasse sont invitées à publier des articles dans le JIM. Articles limités en espace. On nous accorde généreusement 1800 caractères. Un tiers de page.
J’ai compté que dans la dernière parution du JIM il nous avait été réservé (nous = POUR ANNEMASSE) un tiers de page sur 20. C’est-à-dire 1/60ième du journal.
Tout pourrait bien se passer dans le meilleur des mondes municipaux possibles, mais voilà que la majorité s’offre en prime un petit supplément d’âme. Elle appelle cela sa « tribune ». Elle vient y exprimer son opinion. Son opinion sur la minorité. Juste à côté du maigre espace laissé à la minorité, aux minorités devrais-je écrire. Elle marque le joueur. Elle le flanque de sa prose. C’est comme si elle voulait le submerger sous le flot de ses discours. Discours devant, avant, après, à côté, partout. Elle est partout.
Techniquement les choses se passent simplement. La majorité dispose du pouvoir de publier, d’éditer le journal municipal. Elle a ainsi la possibilité de lire en primeur l’article de la minorité grâce à cet autre artifice qui consiste à imposer une date limite de dépôt de son article, qu’elle n’a, elle, nul besoin de respecter. C’est beau, non ? Et elle répond.
Alors, on arrête le jeu.
On ne publiera plus d’article dans le JIM. On publiera sur nos blogs respectifs. Et dans le JIM on expliquera pourquoi on invite nos lecteurs à nous retrouver sur nos blogs.
La terre va continuer de tourner. Justement, tout tourne. Les majorités deviennent des minorités et inversement. Sic transit gloria mundi.