Réflexions sur le social
À la séance du Jeudi 27 mars 2008, il a été soumis au Conseil Municipal d’Annemasse une proposition destinée à la mise en œuvre du Contrat Urbain de Cohésion Sociale, dit en abrégé CUCS.
Il s’agit d’un ensemble d’actions qui découlent de l’analyse conduite par des groupes de travail et d’experts rémunérés, et qui elles-mêmes font suite à un autre programme dénommé Contrat de Ville.
Tous les quartiers ne sont pas éligibles au CUCS, on s’en douterait. C’est donc destiné principalement à la ZUS (Zone Urbaine Sensible), qui constitue son champ territorial d’application.
La problématique est donc celle des quartiers dits « difficiles ».
Le CUCS programme ces actions sur trois ans, ce qui dépasse le cadre de l’annualité du budget.
Ce qui a été voté c’est un premier budget.
L’intéressant dans les chiffres est qu’ils reflètent avec précision les modalités de la mise en œuvre d’un programme social.
Ont donc été votées les actions suivantes avec leur budget :
Équipe opérationnelle, dépenses de fonctionnement 15800 €
Information participation des habitants 3000 €
Séances de cinéma en plein air, subvention Région -5000 €, 7000 €
Soutien logistique aux associations intervenant sur le quartier 23700 €
Fonctionnement et animation des espaces de proximité 25000 €
Intensification du travail social (à déduire subvention Région de -41226 €)2 postes conventionnés 3 postes service logement 168478 €
Soutien au réseau d’éducation prioritaire REP, à déduire subvention de 13183 €, 37665 €
Service prévention médiation et alerte éducative, à déduire subvention 51616 €, 172055 €
Gestion urbaine et sociale de proximité, -sur entretien réalisé en concertation avec les habitants, à déduire subvention -30400 €, 38952 €
Lutte contre la discrimination à l’emploi, à déduire subvention Région – 5000 €, 10000 €
Participation de la ville à la surveillance des parkings souterrains 34000 €
Total 535650,00 €
On aperçoit immédiatement l’importance de cet investissement, mais aussi la ventilation de ces dépenses.
Les deux plus gros postes sont le service de prévention et médiation, et il s’agit apparemment des frais de personnel, et l’intensification du travail social qui se résume en l’embauche de personnels.
Au total 340533,00 € sur 535650,00 € c’est à dire 64 % du montant total.
Ce qui pose question.
La question, tirée de ce cas particulier, mais qui a un caractère général, est de savoir pourquoi, en France, la voie choisie pour l’investissement social, est celle de l’investissement dans le personnel administratif qui traite du social. En d’autres termes, la question est de savoir si l’effort budgétaire pour le social ne serait pas absorbé principalement par le coût du personnel dédié au social, et si les bénéficiaires finaux, ceux pour qui la solidarité est nécessaire, ne verraient pas ainsi l’aide qui leur est destinée, diminuer d’autant.
Mais peut on imaginer une autre solution ?
C’est sur ce point qu’il convient de réfléchir. Car personne ne peut prétendre connaître la solution. La pratique française, qui s’illustre ici dans cet exemple, annemassien constitue une réponse. Elle considère que la dimension éducative du secteur social justifie l’intervention de personnels toujours de plus en plus nombreux puisque les besoins sont sans cesse plus importants. On est d’ailleurs pris de vertige.
Mais c’est une réponse. Il nous faut tout examiner pour maximiser l’efficacité de la dépense publique.