Les travaux de l’extension du tram ont commencé. Le centre ville est en chantier. Il faut oublier de circuler. Les premières victimes collatérales seront, une fois encore, les commerçants. Les fermetures de boutique vont s’accélérer.
Avec la perte des commerçants, c’est l’agrément de la ville qui en prendra un coup. Mais nous aurons un beau tram, pas trop cher payé, et qui, bonheur suprême, ira au Perrier, en passant devant les arcades aux rideaux fermés, délicieusement tagués, ce qui rappellera les expositions de la villa du parc. Annemasse est une ville d’art moderne.
L’idée de le faire aller au Perrier plutôt qu’à la gare, sa destination à la fois historique et naturelle, est purement électoraliste. La municipalité favorise d’abord les quartiers qui votent pour elle.
Que cela soit irrationnel n’a strictement aucune importance. Seuls les votes comptent.
Mais est-ce si sûr que cela soit irrationnel, n’est-ce pas au contraire le triomphe de la raison justement ? Entre deux itinéraires, l’un qui est une bonne idée, mais qui ne vous rapporte pas un sou, l’autre qui est une mauvaise idée, mais qui vous rapporte plein de voix, la rationalité ne commande-t-elle pas de choisir le second ? Ainsi va la vie communale.