Il y a maintenant plus d’un an que le conseil municipal
d’Annemasse adoptait une résolution pour bannir le gaz de schiste le 23 février
2012.
Aucun forage n’était pourtant prévu sur la ville ni
alentour.
La motion adoptée sans ma voix avait tout de la formule
incantatoire. L’exposé des motifs est à la réflexion un tissu d’énormités.
La première s’énonce ainsi :
« Considérant que les objectifs de la lutte contre
l’effet de serre et la nécessité de diminuer les émissions de gaz à effet
de serre apparaissent contraires avec le développement de l’exploitation des
gisements de gaz non conventionnel qui conduira inévitablement :
– à une augmentation des émissions de CO2,
– à ralentir le développement des énergies renouvelables
; »
L’auteur de cette motion avait oublié, ou peut-être jamais
su, que le « développement des
énergies renouvelables » ne lutte pour rien dans notre pays contre
l’abominable effet de serre, car nous
disposons d’un parc de production d’énergie électrique nucléaire qui couvre
l’intégralité de nos besoins, et plus puisque nous exportons, mais surtout produit exactement l’inverse.
Le paradoxe est que le développement des énergies renouvelables développe au
premier chef des centrales à gaz ou à charbon. Parce que les milliards jetés dans
le développement du solaire, et l’éolien n’ont encore pas trouvé le moyen de
rendre ces énergies permanentes. Si bien que pour répondre au minimum
syndical de la consommation d’électricité, il faut en pratique, comme le font
les allemands, doubler toute la production éolienne et solaire par de la
production thermique. Quand le solaire flanche, et le vent tombe, mais qu’il
est 20 heures, il faut qu’à l’instant les centrales thermiques prennent le
relais.
Le résultat est simple. Quand on développe le solaire, on
développe le thermique.
L’exposé se poursuit :
« Considérant que les techniques nécessaires à
l’exploration et l’exploitation des gisements de gaz non conventionnel
comportent des risques avérés de pollution de l’environnement et en
particulier d’atteinte à la ressource en eau ;
Considérant que des opérations de forage dans le but
d’extraire du gaz de schiste exigeraient des quantités d’eau très importantes
;
Considérant les risques avérés de détérioration de la
qualité de l’air et de mitage du paysage induits par cette technique ; »
Le premier argument : « des risques avérés de pollution » est une exagération volontaire. Des exemples,
vite des exemples ! On sait que maintenant les USA produisent par le gaz
de roche 25 % de leur consommation de gaz, et que très bientôt ils deviendront
exportateurs. On sait aussi que la ressource est si abondante qu’au rythme
actuel les USA en ont pour des décennies. Mais quant à la pollution, il reste à
fournir les exemples autres qu’anecdotiques. Montrez-les qu’on en discute. Étant
précisé au surplus qu’aux USA il est permis de creuser dans son jardin parce
que le propriétaire du sol l’est du sous-sol, et qu’ainsi des milliers de
petits producteurs entrent en lice comme au temps des puits de pétrole au
Texas, et que parmi eux il serait statistiquement impossible de ne pas trouver
un irresponsable. Et malgré cela aucune catastrophe d’ampleur à ce jour. Le
premier argument est donc bidon.
Le second l’est tout autant. « …que les opérations de forage…exigeraient des quantités d’eau très
importantes ». Combien ? Où ? Quand ? Comment ?
Les USA ont ils gaspillé des quantités
d’eau très importantes ? Avez-vous entendu parler de cela ? Dans
un contexte d’anti-américanisme primaire (malgré Obama qui séduit tant la
gauche), aucune information sur ce point.
Le troisième est franchement hallucinant : « Considérant les risques avérés de
détérioration de la qualité de l’air et de mitage du territoire induits par
cette technique ». La qualité de l’air qu’on respire n’est en rien
affectée ni par l’exploitation, ni surtout par l’exploration. On nage dans l’absurde. Et pour le mitage, mal honni
par la gauche et la technostructure qui veut vous faire habiter dans des villes
denses cependant qu’eux s’empressent d’aller résider au vert, il faudrait une
puissante dialectique pour le démonter. Le gaz de roche ne va ni augmenter ni
diminuer l’usage domestique de l’automobile qui est en effet l’un des facteurs
de l’étalement périurbain. Lequel est une bonne chose. Et l’automobile aussi
est une bonne chose, une meilleure chose même que les bus qui circulent à vide
les trois quarts du temps et qui ne sont d’aucune utilité en dehors des centres
urbains.
Alors pourquoi tant de haine ? Simplement parce que
c’est l’esprit magique (ou religieux, c’est pareil) qui a pris le
dessus sur la rationalité. Une cause est élue chargée de maléfice : le gaz
de schiste (qu’il vaut mieux appeler gaz de roche). C’est le mal. Alors il faut
le combattre au nom de la fée écologie. Dès lors il n’est besoin d’aucune
démonstration, mais simplement d’incantations qui ânonnent des perles de bêtise.
Et voilà la motion.
Mais au nom de ces âneries, la France se prive et des
recherches nécessaires, et des ressources gigantesques qui sont dans son sol.