Cette année, bonne nouvelle, les impôts locaux n’augmenteront pas, ou du moins pas plus que ce qu’on appelle les bases. C’est la promesse du maire au cours du débat d’orientation budgétaire au cours du dernier conseil le 21 février 2013.

Comme on est en France, et que le seul mot d’ordre des élites est de
faire compliqué, ils y réussissent fort bien. On peut leur fait confiance : ils savent, eux. Pas tous, rassurez-vous. Une
majorité même n’en sait strictement rien. Cela n’en empêche d’ailleurs aucun de voter le budget, et souvent d’augmenter les impôts en
catimini.

Mais précisément qu’est-ce que sont ces bases ? Ce sont les bases de calcul des taxes foncières et d’habitation. Ce calcul se fait en référence à une valeur locative cadastrale théorique. En gros c’est un coefficient revalorisé chaque année pour tout le pays. Cette année c’est 1,8%. Est-ce une augmentation des impôts ? Non, pas directement du moins.

Il y a deux façons d’augmenter les impôts, on peut les augmenter par le seul jeu des coefficients, ce sera alors la faute à pas de chance mon bon monsieur, «Ça» augmente, que voulez-vous. Exemple cette année à Annemasse, l’augmentation du produit des «bases» serait de 2,52 %, chiffre qui intègre l’augmentation des coefficients et celui du nombre des contribuables puisque la population est en hausse. Les 2,52 % d’augmentation des ressources globales représentent pour 1,8 % l’augmentation des bases et pour le reste l’augmentation du nombre des contribuables. L’autre façon est d’augmenter les taux.

La municipalité de gauche avait dès le début de son mandat augmenté les taux, au prétexte délirant de «faire des réserves». Moyennant quoi tous les sous prélevés ont été immédiatement dépensés, et aucun n’a été placé à la Caisse d’épargne, si bien que les réserves annoncées relèvent des promesses qui n’engagent que ceux qui les écoutent, à la manière de F Hollande. Les impôts avaient de ce fait augmenté plus que les bases.

Mais s’il est possible d’augmenter les taux, à l’inverse il est possible de les baisser. C’est ce qu’a fait Valence, une ville dirigée par des socialistes. En 2013 Valence baisse les impôts locaux de 2%. Valence n’est pas une citée aussi riche qu’Annemasse, mais Valence baisse les impôts locaux. Valence n’a pas la manne frontalière, mais Valence baisse les dépenses de la ville. Valence fait reculer de 3,5% les frais de personnel, et pourtant Valence n’a pas de Casino comme Annemasse.

Il est donc parfaitement possible dans une ville comme Annemasse de baisser les impôts locaux. C’est une question de volonté politique. Bien entendu, dans l’hypothèse d’un tel choix, qui devrait naturellement s’imposer dans les circonstances économiques actuelles, il faut aussitôt dire sur quoi pèseront les diminutions de charges. L’investissement ? Le fonctionnement ? Un peu des deux ?

Ce choix est profondément politique. On peut suivre l’exemple de Valence, et décider comme cette ville de baisser de 3,5 % les dépenses de personnel, et d’un pourcentage moindre les dépenses de gestion courante. Mais on peut aussi décider de porter l’accent sur tous les autres postes de dépense, à l’exception du personnel communal. François Vigny et Louis Mermet citaient les auvents de la place de la Libération, laquelle place pouvait à moindres frais être transformée en poumon de respiration au lieu d’une étendue minérale et désertique, obligeant au passage à mettre pour 3 000 000 € dans des abris contre le soleil ou la pluie. Pour 3 000 000 € il n’est d’ailleurs même pas sûr qu’on soit protégé de la pluie et du soleil. Il faudra par précaution prendre son bob ou son parapluie.

À Annemasse, les effectifs municipaux augmenteront, on sait déjà que ce seront des policiers municipaux qui bénéficieront des augmentations de postes cette année, et la question qui nous sera posée par la majorité sera celle de savoir si on veut «diminuer la sécurité publique» ! ils ne pensent tout de même pas qu’on risque de s’en laisser compter par cette rhétorique simpliste, évidemment que la réponse est qu’il faut augmenter les moyens mis au service de la sécurité. La sécurité c’est la première des libertés. Et nous nous disons à chaque occasion qu’on doit commencer par mettre en place la vidéo surveillance. C’est simple ça, et la majorité a fini par l’accepter, à reculons. Ce que nous disons est qu’avant de songer aux effectifs il faut d’abord réfléchir aux autres moyens. Ce que nous disons c’est qu’il faut diminuer les dépenses, pour arrêter notre suicide collectif.

Annemasse va donc persister sur le chemin de l’assèchement de votre porte-monnaie. Ce n’est donc pas demain que les impôts diminueront. Sauf si nous sommes élus.