Le candidat du Modem Antoine Vielliard a lancé l’anathème sur le second pilier des frontaliers.
Ils ne doivent pas pouvoir le retirer, selon lui. Il avance pour cela deux arguments : tout d’abord les frontaliers sont des imbéciles qui vont manger la grenouille, c’est-à-dire dilapider le capital, et après en prime ils seront à charge des vertueux comme lui à travers l’aide sociale, et en second lieu ils s’exposeraient aux risques de change. Il faut les protéger malgré eux, changer la loi pour que les seconds piliers soient investis au pire dans les caisses françaises, ce qui aurait le mérite incident de diminuer la pression inflationniste locale.
Hou ! vilains frontaliers ! panpan cucul fefesses !
Ce qu’il y a de formidable avec l’élite politique, genre l’édile cantonal de St Julien, c’est qu’elle est persuadée de détenir LA vérité, laquelle est SA vérité. De là à vouloir l’imposer aux manants abrutis, il n’y a même pas l’espace d’un pas, c’est la même inspiration et le même souffle qui y portent naturellement.
Et pourtant quelque soit l’immense sapience de son auteur, c’est une très, très mauvaise idée.
D’abord c’est une idée liberticide.
Les bataillons d’assistantes sociales, de socio-machins patentés, imprégnés de la vulgate freudo-marxo-jeuniste, qui vous flanqueraient sous tutelle de la CAF la terre entière, de Liliane Bettencour à Johny Halliday, sauf les comités d’entreprises EDF, SEAFRANCE, etc. (il ne faut quand même rien exagérer), grignotent jour après jour l’espace de respiration du bon peuple, et tissent l’immense filet du contrôle social visqueux, variante doucereuse de la dictature façon 1984 du regretté Orwell. Un vrai programme à la François Hollande, du Caramel-pudding pur jus.
Et pourtant si je veux aller au casino avec ma paye, lire toute l’anthologie des discours de Gilles Rigaud (dans l’édition annotée par Erebus), et me noyer dans l’alcool pour oublier au plus vite un tel désastre, c’est mon droit le plus absolu.
Ensuite c’est une idée absurde parce qu’elle gomme toute la réalité de l’emploi massif que font les frontaliers de leur second pilier : se procurer un toit. Et le toit c’est une bonne partie de la retraite. Certes, quelques fois ça s’évapore. Le plus souvent à l’occasion d’un divorce qui entraîne la vente du bien immobilier, quelques fois à la casse. Mais dans la majorité des cas le système fonctionne plutôt bien. Il permet à des ménages d’investir dans leur logement, les dégageant d’autant de l’emprunt, et surtout constituant un apport important. Toit = retraite.
Le groupement des frontaliers (GTE) s’est aussitôt montré très réticent sur cette idée. Il a raison. Il faut l’écarter. À chacun de décider de son avenir.