C’est une société admirable que celle qui veut construire le complexe d’Annemasse-Gare. Elle n’hésite devant aucune ficelle. Elle emploie toutes les méthodes qui font peur, même dans les thrillers série z. Elle menace. Elle soudoie. Elle complote.
Et tout ça pourquoi ? Parce qu’une courageuse association de citoyens a eu le front de faire recours contre le permis de construire déposé par la société éthique.
Et son monde est simple. Personne ne doit bouger. Son bénéfice avant tout. Le tiroir-caisse c’est sa patrie. Remarquez on a la patrie qu’on peut. Annemasse-Garp est donc contrariée. Alors, elle engage une double stratégie.
Le 21 octobre 2009 elle exposait aux propriétaires qui avaient signé avec elle des compromis de vente, qui comportaient une première date limite au 31 décembre 2008, prorogé une première fois au 31 décembre 2009, qu’elle leur demandait une nouvelle prorogation au 31 décembre 2010. Elle expliquait que toutes les conditions suspensives n’étaient pas levées, mais que si les vendeurs refusaient de proroger, ils seraient exécutés par une expropriation. Les menaces étaient lancées. Salauds de proprio on aura votre peau si vous mouftez.
Le plus rigolo ce sont encore ses explications sur le recours. Elle a dit, écrit, que le recours n’était pas fondé, qu’il était voué à l’échec. Et immédiatement après elle explique que malgré ça, elle est obligée de proroger la signature. On est prié de croire cette imbécilité. Et si on ne la croit pas, vient alors la menace.
D’abord, elle a envoyé un avocat pour menacer l’association. Elle a réitéré ses menaces dans sa lettre du 21 octobre. Elle écrit «Notre avocat a confirmé récemment notre position à ladite Association en attirant son attention sur les conséquences de sa démarche en termes de préjudice du fait des retards qu’elle engendre».
Bonté. Voilà que l’association serait responsable des retards ! Alors même qu’elle indiquait dans son courrier que 4 propriétaires refusaient de signer, et qu’il lui restait à régler le sort de deux commerçants. (Si c’est avec la méthode Chicago, on aura en prime du sang). Un recours sans fondement lui ferait perdre du temps ? Mais s’il n’y a aucun fondement et qu’il est voué à l’échec, comme elle le dit, pourquoi donc ne le traitet’elle pas par le mépris? C’est peut-être parce que tout simplement ce projet imbécile présente quelques failles. L’association les aurait-elle trouvées ?
Joignant la menace au geste, Annemasse-Garp a assigné l’association devant le tribunal pour….procédure abusive. Elle lui demande 300 000 € de dommages et intérêts, elle qui n’a même pas la jouissance de tout le foncier. Une rapide revue de la jurisprudence montre que les cas de recours abusifs sont essentiellement des cas où c’est par pure malice que des recours ont été faits. On ne peut soutenir sérieusement que ce serait le cas.
On atteint déjà en ce point le bord de la nausée. La méthode est celle des personnages maléfiques des thrillers. Elle est soutenue par le maire d’Annemasse, ce qui est dire dans quelle boue il plonge ses mains. Mais il y a encore pire.
Le pire est qu’Annemasse-Garp propose la création d’une association concurrente «qui pourrait ainsi engager une action en justice contre l’association Espaces Libres», et comme Annemasse-Garp est généreuse « »…notre société serait prête à conseiller utilement cette nouvelle association en demandant à notre avocat de coordonner les procédures, étant précisé que nous serions disposés à supporter tous les frais engagés à cette occasion (frais de constitution, frais de procédure, honoraires d’avocat)».’
C’est à vomir. Au fait, ça porte un nom une saloperie pareille. Ça s’appelle de la corruption.
Quand on sait qu’elle agit de cette manière avec un enjeu aussi maigre, on peut imaginer que si l’enjeu était plus important elle emploierait le même type de méthode un cran plus haut. C’est l’adage : «Qui vole un œuf, vole..»
Et le maire d’Annemasse applaudit ces infamies. Beurk. Re-beurk ! Quel monde que celui d’Annemasse-Garp.
Il faut détruire Carthage.