La constitution de contre pouvoirs dans une ville gérée par une même équipe de gauche pendant des décennies est difficile. L’espace politique y est tout entier occupé par le pouvoir local, dont les ramifications s’étendent dans toutes les directions. Un solide enracinement dans le terreau des associations est pour lui un gage de survie.
Mais quelques fois il rencontre sur sa route des jaillissements spontanés de la vie citoyenne. Le heurt est toujours salutaire à la démocratie.
Ainsi, Espaces Libres est une association qui s’est constituée spontanément, en réplique au projet d’alors, c’était l’été 2006, de réaliser un mausolée administratif sur la place du marché couvert. La place du marché couvert a failli être transformée en place Rouge d’Annemasse, sans Nathalie.
Feu la 2C2A, devenue aujourd’hui communauté d’agglomération, avait eu l’idée saugrenue d’édifier son siège en plein milieu de cet espace central à Annemasse. Suivant en cela les vœux de M Borel, alors maire de la ville, et aujourd’hui président de l’agglomération. Programme insensé.
Contre lui une association s’était constituée. Elle proposa une pétition qui obtint en un temps record des milliers de signatures.
Cette association s’appelle Espaces Libres.
Le maire recula. Le projet ne se réalisera finalement pas au milieu des trois places d’Annemasse. Il va se réaliser dans le nouveau quartier d’Étoile-Gare. Il est toujours aussi pharaonique, aussi inutile, mais il ne viendra plus défigurer un espace qui doit avoir une autre vocation que celle d’être parasité par le gris, le glauque, l’inerte, l’inutile, le prétentieux, le laid, l’administratif.
Espaces libres est un contre-pouvoir. Pas un soviet de quartier.
Espaces libres vient d’être agréé par un arrêté préfectoral en qualité d’association d’usagers en matière d’urbanisme. Ce qui implique qu’à l’avenir il sera consulté sur tous les projets de la ville.
L’urbanisme doit être une œuvre collective. Le mieux serait bien sûr de soumettre tous les grands projets aux suffrages populaires, c’est justement pour cela qu’il existe dans les textes la possibilité d’organiser un référendum local, dont ne veut surtout pas la majorité actuelle. Mais en attendant des jours plus démocratiques, on peut déjà se féliciter de la montée en puissance d’une association comme Espaces libres.