Antoine V.. est un édile, vexé sans doute par la rebuffade électorale qu’il vient d’essuyer au bout de son premier mandat de maire, avec le score infamant au premier tour des élections municipales de 40 % des votants contre 60 % à la liste adverse, et alors que les sortants ont toujours une prime auprès des électeurs. Ce qui est dire son immense popularité et le fracas de son éviction.

Le processus démocratique qui conduit normalement à une prise de fonction immédiate de la nouvelle équipe a été retardé en raison du cas de force majeure découlant du virus. Ce qu’Antoine V.. a immédiatement mis à profit pour imposer à «sa» ville, St J.., un couvre-feu.

Caprice ou nécessité? On ne sache pas que jusqu’à présent cette cité frontalière présentât un profil alarmant de la délinquance, ce qui se traduit souvent par des bandes de «jeunes» sans foi ni loi, qui moquent toutes les mesures de protection mises en œuvre, et qui a justifié en certains lieux de telles mesures.

Mais à St J.. il n’y avait manifestement aucune nécessité dans cette ville prospère d’imposer une telle mesure. Ce dont on peut tirer la conclusion, puisqu’il n’y a aucun enjeu nécessaire, que ce fait mesquin d’un édile furieux relève du caprice, de la vengeance contre cette populace ingrate qui lui a botté le cul, pardon qui l’a démocratiquement évincé. C’est un couvre-feu punitif.

Le Préfet vient d’y mettre bon ordre en annulant l’arrêté.