Je ne connais pas cet homme que je n’ai jamais eu l’honneur de rencontrer. Je ne connais pas son dossier. Il est emprisonné apparemment par un chantage à l’aveu. Il n’y a pas si longtemps cette méthode indigne d’une justice éclairée était pratiquée dans notre pays à grande échelle par nos bons juges d’instruction. Puis un vent salutaire de réformes inspirées notamment par la jurisprudence de la CEDH a soufflé sur notre institution judiciaire qui, après avoir renoncé à la torture, au bûcher pour les sorcières, à la roue et à la guillotine, a adopté progressivement des textes et des pratiques plus civilisés. Ici Carlos Ghosn ne serait probablement pas embastillé. De l’autre côté des océans, sur ces rivages de l’empire du soleil levant que le souffle de la civilisation libérale n’a manifestement pas encore atteint, Carlos Ghosn est confiné dans un réduit. Nous ne savons pas s’il est innocent ou coupable, mais nous savons que tant qu’il n’aura pas été déclaré coupable par un tribunal impartial et indépendant notamment du monde économique, il est innocent et doit dès lors être traité dignement, et pour cela il doit rester libre.