Caroline Duret-Nasr a posé une brève question orale à la fin de la séance du conseil municipal du 19 novembre 2015 pour demander des explications sur la MJC Sud qui venait de déposer le bilan.

La longue réponse alambiquée de M le Maire a consisté essentiellement à dire que tout serait bien allé pendant des années à la MJC Sud, dans le meilleur des mondes socialistes. Mais qu’un méchant avait tout fait capoter.

Ce qu’il y a eu d’étrange dans ce discours c’est que le maire a reconnu expressément que la MJC était un pur enjeu politique. Le reste, l’éducation populaire, la transmission des valeurs, l’encadrement de la jeunesse, c’est manifestement du vent, de l’habillage rhétorique. Personne n’a le droit de toucher au grisbi politique qu’est la MJC.

Dont acte.

Les choses se compliquent quand on entre dans le détail des explications tarabiscotées qui ont été servies par le maire sur le mode défensif.

Il faut dire que le problème est énorme. La MJC a déposé le bilan. Un passif de 200 000 ou même 300 000 €, on en saura plus quand les résultats de l’audience qui se tenait le vendredi 20 novembre 2015 au tribunal à Thonon, seront connus. Liquidation judiciaire ou redressement judiciaire.

Le maire a accusé le directeur licencié d’être à l’origine de tous ces maux, suggérant qu’il pouvait y avoir eu des détournements d’argent, des abus de biens sociaux.

Il a aussi exposé, et c’était admirable à entendre, que les 3 administrateurs délégués du conseil municipal et choisis exclusivement parmi les conseillers municipaux de la majorité socialiste, n’avaient jamais rien su.

Le président du conseil d’administration non plus n’aurait rien su.

Les organes de contrôle, expert comptable, et surtout commissaire au compte, n’ont rien su, eux aussi, jusqu’à janvier 2015. Et là d’un seul coup le commissaire aux comptes fit soudainement son job, alors que le feu couvait et que le ministère des finances avait commencé à mettre son nez dans la boutique. Ouf, c’est prodigieux ce que cela est utile des organes de contrôle.

Le maire non plus bien entendu, n’a jamais rien su.

Le conseil municipal a voté au moins depuis 2012 la reconduction des subventions à l’association de gestion de la MJC, alors que les déficits se creusaient. Mais jamais la moindre alerte n’a été donnée. J’ai voté ces subventions et je n’ai pas compris que la situation était grave. J’ai voté en 2012, en 2013 en 2014 en 2015. Mea culpa. Pour ma défense je ne peux invoquer que mon défaut d’information.

Défaut d’information par le maire.

Par les administrateurs désignés par la majorité.

Quant aux organes de contrôle, on n’y a pas accès.

À quoi ont donc servi les administrateurs délégués par la majorité du conseil municipal ? À quoi au juste ?

Peut-être seront-ils demain les fusibles de l’opération s’il s’avérait qu’il y avait eu des détournements si massifs qu’ils ne pouvaient s’en apercevoir. Ils étaient impliqués dans la gestion. Imaginons une extension de la liquidation à leurs personnes, à celle du président de l’association. Parce qu’on pourra dire ce que l’on veut, mais si on est administrateur d’une association, qu’on ne regarde même pas les comptes, qu’on ne lit pas les bilans, et bien entendu à la condition que les passifs aient été manifestes, on devrait engager sa responsabilité.

Demain de bon matin le maire va exposer dans une réunion publique que la faute n’incombe qu’aux autres.

Il s’est engagé lors de la séance du conseil à communiquer l’audit qu’il a provoqué, et le rapport du ministère des Finances. C’est dommage qu’il ne les ait pas communiqués avant. Le rapport est d’août, l’audit tout récent.

Tiens, au fait, à propos de «l’audit», François Vigny, Louis Mermet, moi, avons constamment demandé depuis des années à de nombreuses occasions, qu’on ait des documents comptables sérieux et un audit général de toutes les associations qui émargent au budget de la ville pour des montants importants de subventions. La MJC Sud c’était 1 million, outre la subvention du conseil général. Un petit audit de temps en temps ça n’aurait vraiment pas fait de mal.

Encore une fois la majorité socialiste rejoint les positions exprimées par l’opposition républicaine, qui s’en réjouit. Mais elle est triste de ce mauvais coup porté à la jeunesse.