Tout était pourtant bien parti dans une grande douceur politique. Un article de-ci, un autre de-là, un dans le JIM par-ci, un sur un blog par-là. On discutait sereinement en échangeant quantité de politesses. Jamais personne n’évoquait l’élection municipale à venir. Impossible de s’entretuer sur un sujet aussi fraternel. Et puis il y avait la trêve des confiseurs.

Nous voilà en janvier à deux mois des élections, et tout d’un coup les mots se bousculent, les clichés aussi, et quelques fois des perles. Traquons-les, et ne soyons d’ailleurs pas avares des nôtres aussi. Mais la charité sur ce point commande de commencer par ses délicieux voisins.

Le merveilleux JIM de janvier à avril est sorti tout chaud dans les kiosques, et la consommation électrique a augmenté immédiatement à Annemasse parce que tous les lecteurs qui l’attendaient comme le Messie ont veillé tard pour le dévorer. Il est sorti juste après le premier document de campagne de M DUPESSEY, et comme les deux se ressemblent de manière si frappante avec la même inspiration graphique, on pourrait presque penser que le JIM prolonge le document de propagande.

Et dans le JIM on trouve ce beau commentaire sur la notoriété respective des maires, des conseillers généraux et des députés : le maire est «le plus proche … : près de la moitié des Français déclarent avoir pu discuter avec lui et 88% des sondés disent connaître le nom de leur maire, contre seulement 58% pour le député et 46% pour le Conseiller général». C’est beau ça. «Proche de ses concitoyens, le Maire est aussi celui qui apparaît comme le plus à l’écoute de leurs problèmes quotidiens et de leurs préoccupations. Selon un sondage CSA, c’est ce que pensent 64% des Français. Ils ne sont que 11% à avoir cette opinion de leur Conseiller général et 8% de leur député». C’est encore plus beau.

L’ennui c’est qu’on ne demande pas aux sondés s’ils savent que leur maire cumule les mandats. Le sondage ne dit apparemment rien sur la notoriété des conseillers régionaux. Le JIM est tout plein d’amnésies sélectives.

Ce qu’il y a de formidable dans cet article épatant c’est d’apprendre qu’on peut discuter avec le maire. À Annemasse c’est sûrement vrai, mais à mi-temps seulement puisque l’autre mi-temps il est au conseil régional. À moins que ce ne soit qu’à tiers-temps, puisqu’il est aussi vice-président de l’agglomération. À moins encore que ce ne soit qu’à quart-temps, puisqu’il est aussi…etc. Ce qui expliquerait peut être que quelques administrés ingrats se plaignent de ne jamais pouvoir le rencontrer, ou alors avec des délais de rendez-vous assez décourageants.

Autre perle dans un autre journal local, un quotidien celui-là. Une tête de liste à l’élection municipale y est interrogée, et elle explique qu’elle serait l’héritière de M BORREL. Sincèrement, si ces propos n’ont pas été mal interprétés, alors c’est un scoop. M BORREL aurait-il viré de bord ? À ma connaissance non. Assiste-t-on à un épisode de confusion ? Quelle que soit la réponse, la situation est hilarante, et si les duels électoraux ne tuent que par le rire, il faut simplement saluer le progrès de la civilisation. Que 2014 soit une année faste.