Sur l’hôtel de l’idole des temps modernes, le tram.

Il est trop tôt pour se prononcer sur l’utilité ou l’inutilité du tram, et surtout pour procéder à une analyse coût/avantage, oubliée au passage de la décision d’en doter Annemasse et son agglomération, prise avant tout sur un fondement idéologique : le tram est bon, la voiture est mauvaise, et le reste ne vaut guère mieux. Si bien que les questions essentielles n’auront pas été posées, et qu’Annemasse outre l’agglomération, est engagée dans une diabolique spirale de hausse de la dépense publique.

Mais c’est en réalité un autre sujet.

Que le tram soit ou non une bonne idée, il n’en demeurera pas moins qu’il y aura deux questions détachables dont on peut à coup sûr dire qu’elles sont de mauvaises idées.

– Tout d’abord l’imbécilité de l’arrêter à la place Jean Deffaugt au lieu de la gare,
– En second lieu le passage par la rue des Voirons, étroite, qui sacrifie tous ses riverains. Les particuliers, mais aussi les commerçants.

Les particuliers souffriront une rue où il leur sera impossible de se rendre en automobile. Merci, c’est sympa ça. Plus une voiture…En attendant ce jour béni ils essuieront les travaux. Au moins ça va leur apprendre à relativiser le bonheur et l’enfer. ils commenceront par l’enfer, et termineront à coup de bottes s’il le faut, dans le bonheur collectif du culte tramique.

Les commerçants, outre les soucis des particuliers héritent d’un poids supplémentaire : la survie de leur entreprise.

Parce qu’une réalité simple s’impose. Pendant toute la durée des travaux, sans compter l’après-travail, la rue étroite sera sacrifiée. Et avec elle les commerces. Vous allez souvent chez des commerçants en vous glissant entre des barrières, des palissades, en franchissant des passerelles ? Vous peut-être, mais en tout cas, moi, jamais. Et je ne pense pas être différent de tout un chacun.

Le marketing a inventé dans les supermarchés des sens de circulation, des itinéraires, en général fondés sur le simple constat que le chaland suit la pente de la facilité pour ses déplacements.

Donc, hélas, les commerces de la rue des Voirons sont sinon morts, du moins en sursis.

Une question est : était-ce évitable ?

La réponse malheureusement est déjà pour commencer, que l’idéologie du service public, de la gauche bien pensante, se fiche des intérêts particuliers, sûre qu’elle est d’incarner l’intérêt général. La vie n’a qu’à bien se tenir, en périphérie de la machinerie urbaine gérée par les Jean-Jacques Rousseau et Robespierre des temps modernes, flanqués en prime de quelques Ayatollahs écologistes. La vie, ils s’en contrefichent. Ils font l’Histoire, et tout doit s’incliner devant l’Histoire.