C’est le résumé du résumé de dix ans de Programme National de Rénovation Urbaine (PNRU) géré par l’Agence Nationale de la Rénovation Urbaine (ANRU). Bilan mitigé alors que le milieu du gué est atteint, que la moitié des 85 milliards d’euros programmés ont été dépensés.

«Le PNRU a été doté « de moyens puissants » et s’il a été « plébiscité » par les habitants, il n’a toutefois pas atteint ses objectifs : « les
indicateurs de la situation des quartiers sensibles évoluent peu. Le
chômage y est toujours à peu près le double des autres quartiers, et la
pauvreté trois fois plus prégnante
». Même au niveau des objectifs
chiffrés, on reste loin du compte : alors que le programme défini par
Jean-Louis Borloo en 2003 prévoyait 250 000 démolitions en cinq ans, 200
000 nouveaux logements et 200 000 rénovations, le PNRU n’a toujours pas
atteint ces chiffres… alors qu’il a été prolongé de dix ans
supplémentaires. Selon Bernadette Malgorn, ce sont 140 000 logements qui
ont été détruits, pour 150 à 165 000 recréés (« 80 à 85 000 hors logement social et 70 à 80 000 logements sociaux »)». (in Maire info du 6 mars 2013).

L’échec serait relatif à en croire la revue Maire info «parce qu’ils (les habitants concernés) restent soumis à d’importants phénomènes de « mobilité résidentielle
» : les familles qui ont acquis quelques moyens s’empressent de quitter
ces quartiers, et sont remplacées par de nouvelles familles « en situation plus difficile ».
L’un des enjeux de la politique de la ville reste donc, pour l’auteure
du rapport, la promotion de la mixité sociale – mixité que le PNRU a
échoué à promouvoir, estimait récemment le comité d’évaluation et de
suivi de l’Anru (voir Maire Info du 14 février)»

C’est ce qu’on appelle le vote avec les pieds. Dès qu’ils le peuvent les habitants s’enfuient.

Faut-il jeter le bébé et l’eau du bain ? Il est manifestement encore trop tôt pour le dire. En toute hypothèse on ne doit pas s’arrêter au milieu du gué. Une fois le programme terminé en 2018 un bilan rétrospectif pourra être dressé. Dans l’immédiat et simplement sur le plan de l’amélioration de l’habitat et de la qualité de vie de ces quartiers il est utile de poursuivre l’effort.

Au delà du constat au plan national il reste à analyser le programme au niveau d’Annemasse.

Ce qui est mis en cause de manière centrale dans ce rapport c’est l’échec de l’utopie. L’utopie sociale de rendre ces quartiers comme les autres. Là il y a un échec. On aurait d’ailleurs pu s’en douter. L’utopie, au sens strict d’ailleurs ici de pays imaginaire où les habitants sont gouvernés d’une manière idéale et sont parfaitement heureux, est par définition en échec face à la réalité. C’est la mesure de l’écart entre le discours et les faits.