Sur la ZAC des Érables, je vais expliquer mon vote. J’ai dû voter pour, la mort dans l’âme, et pour respecter l’accord politique passé en début de mandat avec la majorité municipale. En échange de délégations, ce qui rend le travail de conseiller municipal intéressant, nous, c’est-à-dire la liste POUR ANNEMASSE, avons accepté que pour la principale, celle de l’agglomération, on fasse passer le patriotisme annemassien (si on peut le dire) avant nos opinions politiques. En conséquence, remplaçant Louis Mermet délégué titulaire qui était absent, j’ai dû voter ce machin.

Un vote qui a du mal à passer. Pour moi.

Pas tant le vote d’ailleurs que les  discours à la noix qui l’ont entouré. Et je veux distinguer les deux.

Sur l’exercice du droit de préemption, prévu par la loi, et qui n’est pas pour plusieurs raisons une expropriation, je crois qu’il a simplement une utilité en soi. Il permet la réalisation d’opérations d’urbanisme, c’est une technique.

Mais en l’espèce ce n’est même pas le débat. Savoir si la zone des Érables pouvait ou non se passer des terrains des consorts PL, est encore autre chose. Le maire d’Etrembières a fait observer que l’utilité publique n’était pas démontrée.
C’est déjà un premier souci, parce que devant le tribunal administratif, ce sera la question.

Mais le pire, l’abominable, c’est l’idéologie qui a entouré cette décision, prise, il faut le dire, dans le SILENCE absolu de TOUS les conseillers de l’agglomération. A l’exception de Maurice GIACOMINI, le maire d’Etrembières, suivi sans doute par ses troupes qui se sont abstenues. À cette exception près, TOUS ont approuvé, moi compris. Mais si mon vote est serve, ma parole reste libre et je peux dire ce qui ne va pas dans ce vote

Je reste atterré par les motifs qui ont été avancés par le président. Pour les résumer, c’est essentiellement qu’il lui paraissait anormal que des propriétaires (un gros mot) puissent avoir refusé de vendre à 21 € le m2 en 1991, pour oser prétendre, les faquins, vendre aujourd’hui au prix du marché.

Vous me lisez bien, AU PRIX DU MARCHE. Une honte quoi, Madame Bourzigue, un truc totalement anormal, si anormal qu’il fallait immédiatement les punir d’être propriétaires en leur jetant une préemption en pleine poire. Vous vous rendez compte, ils n’ont rien fait, ils ont attendu, et maintenant voilà que leur propriété vaut 750 000 €. Un scandale. Ils réalisent une plus-value. Autre gros mot.
Il fallait donc les punir. Punir d’être propriétaires. Punir de trouver une occasion d’une bonne affaire. Punir d’avoir eu l’audace de résister. Et il a été ajouté, par le grandissime président, si on les préempte, la morale y trouvera son compte. Parce que ce n’était pas NORMAL.

Comme ce n’était pas normal, on préempte. Le maire d’Etrembières a raison, la procédure devant le tribunal administratif, ça promet.  S’il faut démontrer au tribunal administratif que l’intérêt général commande d’empêcher des propriétaires vendeurs d’encaisser une plus-value, ça promet . Il faudra au moins un avocat parisien pour faire avaler une telle connerie à un tribunal. Et en plus, il faudra un tribunal configuré avec exclusivement des cégétistes. Qu’on se rassure, ça existe, parfois.

Moi, j’appelle ce sentiment qui s’exprime ainsi, tout simplement de l’envie. Il n’y a strictement aucune rationalité, mais un rapport haineux à l’argent. Si on veut condamner toute plus value de propriétaire, il faut en effet instaurer d’urgence la grande société socialiste. Il faut commencer par réquisitionner tous les biens immobiliers des membres du conseil municipal, vite les vendre au prix fixé par les domaines (on va rigoler), et distribuer l’argent honteux à ses pauvres, ceux dont Marie Pierre Berthier disait qu’ils étaient fabriqués par M Bouchet.

J’ai lu sur un commentaire du blog d’Erebus, un certain JLS74, un autre concombre masqué, que si les domaines avaient dit 320 000 € au lieu des 750 000 € vendus par les scélérats propriétaires, et bien la collectivité ne pouvait pas offrir plus.

Imbécillité complète. Les domaines donnent un avis, rien d’autre. Les collectivités peuvent offrir le prix de vente, elles peuvent aussi offrir moins. En ce cas, c’est le juge des expropriations qui tranche, à charge d’appel, sauf si les vendeurs acceptent le prix offert par la collectivité.

Alors quand les domaines disent 320 000 quand le prix du marché, je dis bien du MARCHE, est à 750 000, c’est d’abord une honte. Mais quand la collectivité par la voix de son président explique qu’il aurait été anormal de laisser la vente se faire à ce prix, c’est encore plus honteux.

J’ai l’impression ici que c’est l’envie qui est le ressort de ce type de proposition. Il a un beau jouet, c’est anormal, je le lui casse.

Mais vous verrez, on survivra !

Jean-Pierre BENOIST