« François Hollande – Oui, l’intérêt du pays l’emporte sur toute autre considération. Quel est l’intérêt du pays pour les quatre ans à venir ? C’est d’être plus compétitif globalement, être capable de prendre toute sa part dans la mondialisation, être plus solidaire entre catégories et entre générations. De ce point de vue, la dette publique est un sujet que nous avons collectivement intérêt à appréhender le plus tôt possible.
Je veux que l’opposition soit utile. Comme il se trouve que nous avons la responsabilité de la quasi-totalité des régions, de plus de la moitié des départements, et maintenant de la plupart des grandes villes de France, nous sommes une part du pouvoir. Nous ferons, nous aussi, au niveau des collectivités locales, des réformes, pour démontrer notre capacité à laisser aux générations suivantes un pays en meilleur état. »

(Le Monde édition du 19 avril 2008 : Réformer la France : mission impossible ?)

D’un coup, nous sommes tous devenus « hollandistes »! On doit commencer par balayer devant sa porte, et donc devant celle de notre collectivité territoriale, la ville, ainsi que devant celle de l’agglomération.

L’important pour les générations futures est qu’on diminue la dette. Et dans la dette de la France il y a toutes celles, consolidées, de l’Etat et de toutes les collectivités territoriales. Pour ces dernières c’est encore pour l’instant essentiellement pour les investissements qu’on emprunte. Pour l’Etat, c’est déjà pour le fonctionnement.

Ici à Annemasse, les ressources exceptionnelles des fonds frontaliers et du Casino permettent de limiter le recours à l’emprunt.

Mais structurellement on enregistre chaque année une progression globale des dépenses, notamment de fonctionnement, supérieure à l’inflation. Si bien qu’à terme la bonne santé financière actuelle sera compromise, sauf à la rétablir en augmentant les impôts locaux.

Dans ce contexte les affirmations de M PELISSIER, l’ancien adjoint aux finances de M BOREL l’ancien maire, prennent toute leur saveur. Il déclarait, naguère, que les impôts locaux devaient être augmentés au prétexte de dégager une « marge de manœuvre ». Je m’y étais opposé, et j’avais raison. La marge de manœuvre est une pure illusion. Il reste aujourd’hui une seule réalité : les impôts locaux ont été alors augmentés, et la « marge de manœuvre » s’est évaporée.

La seule marge de manœuvre consiste à laisser l’argent dans la poche des ménages. Tout le reste est pure illusion.

Et pour laisser l’argent dans la poche des ménages, il faut dépenser moins. C’est là que le bât blesse. Parce que les collectivités locales dépensent de plus en plus.

Ainsi la défunte 2C2A, aujourd’hui communauté d’agglomération, s’est lancée dans l’édification d’un siège. On peut se demander pourquoi il faudrait à tout prix, et en l’espèce à un prix d’environ 10 millions d’euros, que l’agglomération disposât d’un siège de prestige ?

On peut s’interroger sur la proposition sans cesse martelée, que les structures intercommunales ont d’abord pour but de rationaliser la gestion administrative et donc de réaliser des économies.

On peut douter qu’il y ait la moindre économie, puisque les mêmes services continuent d’exister au sein des communes, alors que la structure intercommunale en ajoute simplement de nouveaux. D’ailleurs observez s’il y a jamais la moindre diminution des effectifs dans les villes dont les communautés d’agglomérations sont issues, tant à Annemasse qu’ailleurs.

Le résultat de l’intercommunalité en termes d’économie de personnels est donc difficile à établir, c’est une litote. On peut même considérer qu’au contraire la structure intercommunale ajoute du personnel. L’effet serait donc inverse. C’est ce qu’on appelle un effet pervers ou encore un résultat contre-intuitif.

Et ce n’est pas tout. À cet élément il faut encore ajouter les dépenses nouvelles générées directement par la structure intercommunale.

Par exemple les dépenses pour un siège. C’est d’ailleurs une lapalissade. Pas de structure pas de dépense de cette nature.

Et là, avec Annemasse Agglo on ne va pas se plaindre, nous serons même gâtés. Non seulement il n’y aura aucune diminution de personnel, et même on peut craindre un accroissement. Mieux encore, on va commencer par dépenser 10 millions pour un siège. D’accord, la Communauté va nous rapporter 5 millions de plus de DGF, mais le mieux serait de ne pas commencer par dépenser 10 millions, même si en quelques années ce sera payé par l’Etat. L’Etat c’est nous.

Et est-ce vraiment utile d’avoir un siège ? Oui, répondent les thuriféraires, la communauté ne dispose même pas d’une salle de réunion, et j’en frémis simplement à l’évoquer, il lui arrive de devoir être hébergée à Annemasse à la salle MLK, ou encore à Ambilly à la Martinière. Voilà donc l’argument lâché. Une grande salle de réunion. Et puis où mettre le Président et les 23 vice-présidents ? On ne peut pas imaginer les mettre dans des locaux squattés dans différentes mairies. Il faut de la majesté il faut de la qualité, il faut de l’espace. Bref, il faut un siège. Et le personnel ? Vous n’avez aucun égard pour le personnel ? Celui de la 2C2A était et est entassé. Quelques fois à plusieurs par bureau. Mais pour le décomprimer, il n’était peut-être pas besoin de construire un siège.

Il reste donc que de nouvelles dépenses seront ajoutées aux dépenses existantes. Alors comment les justifier ?
Par le gain d’efficacité ? Mais sur ce point nous ne disposons d’aucun indicateur. Aucun indice. Aucune étude. Rien. C’est donc pour l’instant un simple article de foi. Il faut croire dans le gain de productivité. Et si cela ne se réalise pas ?

Quel esprit chagrin. Un vrai mécréant. Je me rassure en me disant que c’est uniquement le matin que je suis aussi pessimiste. Le soir, j’ai de l’espoir. Le soir, j’imagine ce bel immeuble tout scintillant de ses mille lumières. Il fait déjà parti du décor. Et j’ai ma réponse : « .. la dette publique est un sujet que nous avons collectivement intérêt à appréhender le plus tôt possible ». La réponse c’est l’avenir. Vous verrez, demain ce sera mieux !

Encore un instant, Monsieur le Bourreau. C’est si doux de dépenser sans jamais compter.