Mois : octobre 2018

Et ça ne fait pas la une, pourquoi ?

Voici un homme déterminé, alcoolisé, énervé, qui plutôt que de causer un drame, se réfugie dans une niche. Sur le simple terrain philosophique, il ne peut être blâmé. Mais la justice ne l’a pas entendu ainsi, et il a été poursuivi pour les insultes qu’il avait proférées dans son délire.

Les journaux télévisés n’en ont pas parlé. Quelle misère! Réparons ce dommage. Il s’agit de l’info la plus importante de cette semaine encore baignée de terribles catastrophes.

 

Le tribunal de Gap l’a finalement relaxé, sans doute en considération de la crise du logement.

Mais aurait-il relaxé Diogène, son presque frère ?

Que faire des Roms sinon les recycler en électeurs ?

Lors de sa dernière séance le 10 octobre 2018 le conseil communautaire de l’agglomération d’Annemasse a décidé de suivre une nouvelle stratégie pour gérer les Roms.

D’où viennent-ils ? De Roumanie pour la plupart, d’un pays membre de l’Union européenne où ils vivent plutôt à la marge, en proie à une discrimination historique. Peuple venu dans la profondeur des siècles de l’Inde, parlant une langue, le romani, hérité de la famille indo-européenne, les Roms ou Tziganes ont reçu en partage l’errance et la précarité, avec des nuances selon les pays. La Roumanie ne serait pas, il faut employer un prudent conditionnel, une terre d’excellence dans l’hospitalité.

C’est pourquoi il est peu probable qu’une fois parvenus sur les rivages de notre contrée, ils éprouvent un grand appétit pour repartir vers le pays des vampires, de Ceausescu, et d’autres joyeusetés. En outre citoyens européens, il est devenu juridiquement impossible de les expulser.

C’est en partant de ce constat réaliste que les instances de l’agglomération ont recherché des solutions pratiques d’intégration.

Les Roms installés dans l’agglomération, de squats en campements sauvages en passant par toute la panoplie de la misère, vivent principalement de mendicité, ce qui énerve beaucoup et à raison, avec des côtés sombres comme l’exploitation des enfants qui de ce fait ne sont pas à l’école.

Et c’est en ce point que la réponse proposée est intelligente. Il faut scolariser ces enfants. Le souci est que personne n’en veut vraiment, et que leurs parents ont bien conscience aussi que s’ils ne se lavent pas, il leur sera difficile de s’intégrer dans une école quelconque.

Il faut donc nécessairement commencer par le commencement, et comme l’a souligné le président de l’agglomération, il faut qu’ils aient accès au « bien commun », l’eau notamment.

Il reste en conséquence à tenter de leur offrir, car c’est bien un don, des conditions d’hébergement minimalistes, de sorte que l’intégration des enfants puisse se faire. Une fois les enfants intégrés dans le cycle scolaire, comme l’a fait remarquer un adjoint d’Annemasse, ils seront à l’école et non dans la rue à mendier, et aussi cela devrait permettre aux parents de se livrer à d’autres activités. Travailler par exemple.

Au bout du compte la solution proposée est d’inspiration humaniste, et de ce fait ne peut qu’être approuvée. C’est un choix digne. Certes, ce n’est pas gagné, rien n’est jamais gagné, il est possible que tout échoue, mais il est honorable de le tenter.

Brett Kavanaugh et l’inquisition

Brett Kavanaugh n’est rien pour nous. Aux USA il est sur la sellette parce qu’il est désigné par Trump pour aller siéger à la Cour suprême. Le processus de sa désignation lui a valu un passage devant une commission sénatoriale où il a protesté de son impartialité et de son immense moralité. Malheureusement et pour résumer ce qui est devenu outre-Atlantique un feuilleton politique, un certain passé quelque peu refoulé a surgi impromptu. Trois dames à ce jour lui ont reproché son inconduite sous l’empire de la boisson. Évidemment ça fait tache.

Cet épisode qui nous vient de Mars, de l’autre bout du monde, est un symptôme de notre époque inquisitoriale. Un moralisme exigeant devient la norme des deux côtés de l’océan, et aucun pays ne paraît échapper à ce tsunami.

Mais est-ce bien raisonnable? Si on prend le seul exemple de Brett Kavanaugh, dont on se contrefiche par ailleurs, il lui est reproché son inconduite d’adolescent ou de jeune adulte. Examinez donc votre passé et venez nous dire s’il est celui des anges ou s’il n’y aurait pas une pointe de démon qui s’y serait manifestée. Allons, personne n’est parfait.

Ce n’est pas tant cela qui est au fond scandaleux dans cette affaire, ce qui l’est avant tout c’est le processus partisan qui conduit à la nomination d’un juge suprême. C’est là qu’est le réel scandale. Kavanaugh hait les démocrates. C’est un conservateur qui dissimule en prime la profondeur de ses convictions sur des thèmes comme l’avortement par exemple.

Imaginons qu’ici on choisisse les magistrats de la Cour de cassation en fonction de leur idéologie politique. Une telle solution serait à raison rejetée massivement. En revanche qu’un magistrat de cette institution se soit mis sur le toit dans une soirée, et même soit allé jusqu’à se livrer à des privautés qu’adulte il n’accepterait plus, entre nous ça n’a aucune importance. Ce n’est pas ce qui en fera un bon ou un mauvais magistrat. Et juger une personnalité à l’aune de ses frasques d’adolescent ou de jeune adulte est réellement absurde.

(Il est à craindre que le mouvement #metoo ne partage pas exactement cette proposition).

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