Mois : janvier 2014
Au fond tout est logique.
Dans un premier temps on veut toujours rationaliser tout, et quand on se heurte à des feux rouges affectés d’un dysfonctionnement grave notamment le soir comme ceux installés rue de la République et rue du Jura à Ville-la-Grand qui restent obstinément rouges pendant plus de cinq minutes, c’est à dire de l’ordre de l’insupportable, on veut croire qu’il s’agit d’une panne. Mais les feux sont tout neufs et ont dû coûter un saladier. L’explication par le dysfonctionnement n’est pas la seule possible et elle laisse place aussi à un soupçon.
La rumeur publique colporte depuis quelque temps que ce serait volontaire:
«Ce n’est pas un hasard, ce n’est pas une panne, c’est donc volontaire».
On peut observer que le caractère volontaire serait démontré que le dysfonctionnement des feux trouve son origine dans une réelle défectuosité, ou même en l’absence de toute défectuosité dans le peu d’empressement à y remédier. Pourquoi ? Parce que connaissant nécessairement le problème qui dure depuis quasiment l’installation des feux, le fait de les laisser en cet état peut relèver de la volonté dès lors qu’il est possible de régler la question en mettant par exemple les feux en clignotement orange.
Et la volonté ici serait tout simplement de dissuader ces automobilistes attachés au plus court chemin et autres fadaises, de passer par le centre de Ville-la-Grand.
Le procédé serait alors purement scandaleux. Il constituerait une entrave à la liberté de circuler. Il est intéressant de relever qu’il existe un texte :
«Article 432-4 du Code pénal.
Le fait, par une personne dépositaire de l’autorité publique ou chargée d’une mission de service public, agissant dans l’exercice ou à l’occasion de l’exercice de ses fonctions ou de sa mission, d’ordonner ou d’accomplir arbitrairement un acte attentatoire à la liberté individuelle est puni de sept ans d’emprisonnement et de 100 000 € d’amende.
Lorsque l’acte attentatoire consiste en une détention ou une rétention d’une durée de plus de sept jours, la peine est portée à trente ans de réclusion criminelle et à 450 000 € d’amende».
Donc on ne peut penser cela, car il est douteux que les autorités locales bravent la loi commune. Il est préférable d’imaginer que le spectre de l’attentat à la liberté de circuler sera promptement écarté et que tout rentrera dans l’ordre républicain.
Au cours du dernier conseil municipal à Annemasse le 27 janvier 2014, la démonstration en a été donnée avec éclat par la meute rassemblée de Messieurs Borrel et Dupessey. Une belle attaque coordonnée qui a tenté de piéger Louis Mermet.
L’occasion était donnée par la discussion autour du tram. Le maire sortant et son coéquipier Robert Borrel savent que si nous approuvons le principe nous restons consternés par le choix d’un tracé qui évite la gare. Et comme l’ineptie du tracé retenu risque d’avoir des conséquences politiques, il est devenu urgent de discréditer les auteurs de la critique.
Les coalisés ont alors affirmé que Louis Mermet, qui siège à l’agglomération, avait voté le tracé.
Or, c’est faux, il l’a démontré dans son site.
Nos archivistes coalisés de l’agglo sont sans doute d’abord de piètres lecteurs de ses procès-verbaux, y compris de celui du 13 octobre 2010 car la question soumise à l’ordre du jour était : ««B.
TRANSPORT – APPROBATION DU PRINCIPE DU PROJET DE TRAMWAY POUR
SOLLICITER L’AIDE FINANCIÈRE DE L’ÉTAT DANS LE CADRE D’UN APPEL A PROJET ..25»
Approuvant le principe, et alors que le tracé n’était pas arrêté, il a conséquemment voté la demande de subvention.
De là à imaginer qu’ils l’auraient fait exprès, il n’y a qu’un pas. Et c’est sans doute parce que leur projet pour Annemasse est vide qu’ils font feu de tout bois et raclent tous les fonds de tiroir de l’arsenal polémique.
sécurité, aussi l’idée à Annemasse est de les affubler en plus d’une mission en
matière de propreté, mais comme notre bureaucratie est moderne, plutôt que de
les appeler Messieurs ou Mesdames propres, on les appelle :
« référent espace public ». De quoi se tordre de rire. Mais en fait
le sujet est grave. C’est le symptôme d’une maladie française qui consiste à
croire magiquement qu’en désignant une réalité triviale par des termes
ampoulés, comme le célèbre Diaphoirus dans le chef d’œuvre de Molière, on créerait du
neuf.
Et pourtant il est urgent d’appeler un chat un chat, une
ville sale une ville sale, et de faire en sorte que l’action des personnels de
la commune soit organisée le plus rationnellement possible. Il ne faut pas se
payer de mots, mais affronter des réalités. Les médiateurs sont nécessaires,
mais les respecter signifie respecter leurs fonctions et les faciliter,
pas nécessairement les charger d’autres tâches qui relèvent d’autres services. En revanche
il faut que les services soient réorganisés pour mieux prendre en charge
la question importante de la propreté dans la ville. Qu’il y ait des vigies en matière de propreté, pourquoi pas. À cet égard nos concitoyens s’ils trouvent un service à qui s’adresser lorsqu’ils subissent des rues mal entretenues, c’est déjà une bonne chose.
Notre sensibilité moderne s’accommode mal de trottoirs douteux, de papiers dans les rues. Le tout passe aussi par l’éducation des masses, car il suffit de se promener un peu dans la ville pour remarquer les grappes d’adolescents qui crachent par terre, ou qui y jettent leur mégots. Sans compter que leurs parents agissent de la même manière. Mais l’éducation n’est pas tout, il faut aussi qu’un effort soit consenti par la ville.
Et pas uniquement en se payant de mots. Sinon on observera ce ballet (pas celui qui sert à balayer) étonnant où des «référents d’espace public» (sic) donneront des instructions à des «techniciens de surface» (re-sic), qui pourchasseront le détritus à coup de balai (le vrai) et rendront compte de leurs actions au référent en espace qui rapportera la bonne nouvelle au référent des référents en chef.
Nous voilà en janvier à deux mois des élections, et tout d’un coup les mots se bousculent, les clichés aussi, et quelques fois des perles. Traquons-les, et ne soyons d’ailleurs pas avares des nôtres aussi. Mais la charité sur ce point commande de commencer par ses délicieux voisins.
Le merveilleux JIM de janvier à avril est sorti tout chaud dans les kiosques, et la consommation électrique a augmenté immédiatement à Annemasse parce que tous les lecteurs qui l’attendaient comme le Messie ont veillé tard pour le dévorer. Il est sorti juste après le premier document de campagne de M DUPESSEY, et comme les deux se ressemblent de manière si frappante avec la même inspiration graphique, on pourrait presque penser que le JIM prolonge le document de propagande.
Et dans le JIM on trouve ce beau commentaire sur la notoriété respective des maires, des conseillers généraux et des députés : le maire est «le plus proche … : près de la moitié des Français déclarent avoir pu discuter avec lui et 88% des sondés disent connaître le nom de leur maire, contre seulement 58% pour le député et 46% pour le Conseiller général». C’est beau ça. «Proche de ses concitoyens, le Maire est aussi celui qui apparaît comme le plus à l’écoute de leurs problèmes quotidiens et de leurs préoccupations. Selon un sondage CSA, c’est ce que pensent 64% des Français. Ils ne sont que 11% à avoir cette opinion de leur Conseiller général et 8% de leur député». C’est encore plus beau.
L’ennui c’est qu’on ne demande pas aux sondés s’ils savent que leur maire cumule les mandats. Le sondage ne dit apparemment rien sur la notoriété des conseillers régionaux. Le JIM est tout plein d’amnésies sélectives.
Ce qu’il y a de formidable dans cet article épatant c’est d’apprendre qu’on peut discuter avec le maire. À Annemasse c’est sûrement vrai, mais à mi-temps seulement puisque l’autre mi-temps il est au conseil régional. À moins que ce ne soit qu’à tiers-temps, puisqu’il est aussi vice-président de l’agglomération. À moins encore que ce ne soit qu’à quart-temps, puisqu’il est aussi…etc. Ce qui expliquerait peut être que quelques administrés ingrats se plaignent de ne jamais pouvoir le rencontrer, ou alors avec des délais de rendez-vous assez décourageants.
Autre perle dans un autre journal local, un quotidien celui-là. Une tête de liste à l’élection municipale y est interrogée, et elle explique qu’elle serait l’héritière de M BORREL. Sincèrement, si ces propos n’ont pas été mal interprétés, alors c’est un scoop. M BORREL aurait-il viré de bord ? À ma connaissance non. Assiste-t-on à un épisode de confusion ? Quelle que soit la réponse, la situation est hilarante, et si les duels électoraux ne tuent que par le rire, il faut simplement saluer le progrès de la civilisation. Que 2014 soit une année faste.
Bien sûr des tas de choses qu’on se souhaite dans cette période et que je vous souhaite naturellement. Que des bonnes choses, mais il faut se méfier des bonnes choses. Au fond il y a toujours un prix à payer. Sinon ce serait Byzance, et il vaut d’ailleurs mieux que la société reste imparfaite, inventive, éruptive, foisonnante, vivante, de sorte que nous puissions progresser. Avanti ! Et ce sera une bonne année.
En prime on aura droit à la planète foot.