L’objectif majeur de l’actuelle équipe municipale est de
parvenir à dépasser la barre des 35 000 habitants. Il leur faut une population
étendue, mais les raisons ultimes de cette ambition demeurent obscures. Un
record pour un record n’a pas de sens dans cette matière, et les justifications
données au fil des discours des deux maires qui se sont succédés depuis trente
ans, et qui partagent les mêmes idées, sont difficiles à suivre. D’un côté ils
exposent que la population augmente malgré
eux, parce que la région par son dynamisme voit sa démographie galoper, au rythme
de sa croissance économique dont le moteur est à Genève, et de l’autre côté ils
soutiennent la densification de la
ville, ce qui revient à vouloir l’augmentation de sa population. Peut-on voir
entre ces deux propositions une contradiction ? La réponse désespérante est
qu’il n’y en a peut-être pas. Ce qui veut dire que la ville subit l’augmentation
démographique autant qu’elle l’appelle. Il n’est pourtant pas certain pour le
bien commun qu’il faille se réjouir d’une telle situation. La spirale
inflationniste du toujours plus d’habitants, et donc d’écoles, de services, de
voitures, de hauteur d’immeuble, de béton, de réduction des espaces de
respiration, et pour finir d’impôts, devient un tourbillon et donne le vertige.
La première question à se poser est de savoir si on veut ou non poser des
limites à la croissance démographique. Parce que c’est possible. Pour cela il
existe une technique simple qui s’appelle l’urbanisme et son plan local. Il
suffit donc de limiter la hauteur des immeubles, par exemple, la densité, autre
exemple, pour au final stopper l’inflation.

 

Parce que si l’on veut harmoniser la ville, ses quartiers,
ses populations, il faut que cesse l’explosion démographique. L’objectif ne
doit pas être 35 000 puis 40 000 habitants, mais au contraire la stabilisation.
Imaginer même une décroissance urbaine est envisageable, même s’il ne peut
s’agir que d’un objectif à très long terme. Dans l’immédiat il faut se fixer
l’impératif de l’arrêt de toute expansion démographique, s’en donner les moyens
politiques par les choix dans le PLU, et s’y tenir.

 

Les avantages seront considérables. D’abord l’amélioration
du cadre de vie, une ville moins dense est une ville essentiellement plus
intime. Les rats qui vivent dans des espaces surpeuplés dépérissent, et les
hommes ne sont pas différents, les mêmes causes engendrant les mêmes effets.
L’arrêt de l’augmentation de la population sera le premier signe donné aux
habitants qu’on s’intéresse à eux et non aux statistiques, qu’on s’intéresse à
leur santé et non au prestige que les élus peuvent tirer en se gonflant de
l’importance des populations qu’ils administrent, qu’on s’intéresse aux enfants
et en ces temps de rentrée à leur parcours éducatif, et non à la construction
de nouvelles salles de classe. L’objectif ce n’est pas le chiffre, c’est le
bonheur de l’être humain et son équilibre dans un environnement vidé de son
insécurité. Le but ne doit jamais être la croissance du pouvoir politique par
le maniement de l’outil absurde de l’inflation démographique. Depuis les temps
bibliques le récit de la tour de Babel illustre la faillite de tout système du toujours
plus.

 

Ce qui compte pour nous c’est de parvenir à l’équilibre des
espaces, des quartiers, avec comme corolaire une circulation maîtrisée, un
niveau d’imposition modeste, avec comme horizon la satisfaction des gens,
plutôt que des élus.