Mois : mars 2020

Recours, recours,

Il faut lire la presse pour apprendre de la vie politique.

Et ce qu’on lit ces jours ci est assez extraordinaire. Une liste, celle des Républicains, dissimulée sous l’étiquette «divers droite» à Annemasse, vient de déposer un recours administratif contre les élections municipales qui ont consommé sa défaite. C’est bien entendu son droit le plus absolu.

Le corps de sa critique serait formé par la discordance entre le nombre des signatures sur les émargements et le nombre des bulletins de vote au bureau n°1. De telles discordances ne sont pas rares, il peut toujours y avoir des erreurs, spécialement dans le contexte des dernières élections où tout le monde tentait de se prémunir contre l’ennemi invisible, si bien que les gestes, les vérifications, perdaient en sûreté ce qu’ils gagnaient en précipitation. Toute la question est de savoir si c’est une discordance massive, ou marginale. Nous verrons.

Mais le contexte est intéressant. Le contexte de cette liste conduite par le Wauquier local. Le numéro 15 de cette liste est poursuivi pour des infractions pénales, avec notamment l’incrimination particulièrement infamante si elle devait être retenue, d’abus de faiblesse. Il lui serait reproché d’avoir tenté par divers moyens d’extorquer des signatures de personnes âgées dans un foyer. Mazette, ce n’est pas rien.

Cependant que le numéro 1 dépose un recours! Il y a un mot qui vient à l’esprit: décence. L’écart entre le 1 et le 15 est précisément son contraire, l’indécence.

Le délire d’Antoine V…

Antoine V.. est un édile, vexé sans doute par la rebuffade électorale qu’il vient d’essuyer au bout de son premier mandat de maire, avec le score infamant au premier tour des élections municipales de 40 % des votants contre 60 % à la liste adverse, et alors que les sortants ont toujours une prime auprès des électeurs. Ce qui est dire son immense popularité et le fracas de son éviction.

Le processus démocratique qui conduit normalement à une prise de fonction immédiate de la nouvelle équipe a été retardé en raison du cas de force majeure découlant du virus. Ce qu’Antoine V.. a immédiatement mis à profit pour imposer à «sa» ville, St J.., un couvre-feu.

Caprice ou nécessité? On ne sache pas que jusqu’à présent cette cité frontalière présentât un profil alarmant de la délinquance, ce qui se traduit souvent par des bandes de «jeunes» sans foi ni loi, qui moquent toutes les mesures de protection mises en œuvre, et qui a justifié en certains lieux de telles mesures.

Mais à St J.. il n’y avait manifestement aucune nécessité dans cette ville prospère d’imposer une telle mesure. Ce dont on peut tirer la conclusion, puisqu’il n’y a aucun enjeu nécessaire, que ce fait mesquin d’un édile furieux relève du caprice, de la vengeance contre cette populace ingrate qui lui a botté le cul, pardon qui l’a démocratiquement évincé. C’est un couvre-feu punitif.

Le Préfet vient d’y mettre bon ordre en annulant l’arrêté.

Le règne des machines à laver n’est pas encore arrivé

Dimanche 15 mars 2020.

Les Républicains, après avoir éliminé tous les centristes à qui ils n’ont même pas tendu la main, ont tenté vainement de se cacher derrière une liste « divers droite », et viennent de subir un échec cuisant. Malgré la présence sur la liste de l’excellente et populaire députée V. Duby-Muller, qui a sans doute contribué à l’empêcher de glisser vers les abysses.

Ce n’est pas seulement un échec des Républicains, c’est un échec de la médiocrité. Face à un Dupessey, intelligent, rusé, assis sur un socle de réelles valeurs et adossé depuis des lustres à des réussites prisées par la majorité des Annemassiens, qu’ont donc opposé les Républicains? Manifestement pas un énarque. Maxime Gaconnet a sans doute des qualités, mais il ne tient pas la comparaison. Flanqué d’une conseillère municipale qui tout au long du mandat qui s’achève posait en cours de séance question idiote sur question inepte, la paire ne pouvait faire des étincelles.

Encore une occasion perdue pour la droite Annemassienne, ou plus exactement parce que ce serait injuste de faire supporter le poids de cette nouvelle défaite à toute la droite, c’est la droite dure, la droite aujourd’hui des Républicains, qui vient de se planter. La droite a toujours eu partout et toujours une composante centriste, mais pour le coup, le Wauquier local, en éliminant tous les centristes de sa belle liste, pour régner seul sur une petite cohorte de suiveurs, s’est ramassé.

Le Front National, devenu le Rassemblement National, a surtout en cette élection rassemblé les miettes.

Il n’y a pas qu’à Annemasse que le réalisme l’a emporté. À Saint-Julien les électeurs ont infligé une gifle à Antoire Vielliard. Peu sympathique pour une large partie de l’électorat qui lui reprochait entre autres son immense modestie, il chute brutalement, il sera difficile de le regretter.

Et si on continuait….

Nous ne sommes pas au bout de nos peines. Le climat change, la mer monte, le lac descend, la neige fond, le printemps arrive avec les élections municipales, et dans tout cela il nous faut faire un choix. Nous ne pourrons pas échapper à la montée des eaux, et à la surface de la société politique un raz de marée se prépare, lancé depuis longtemps un peu comme un virus, il a progressé dans un souterrain, et le voilà qui s’apprête à surgir en pleine lumière. Avec des solutions à la noix, mais qui vont faire recette. On l’appelle aussi populisme. Il est de droite, il est de gauche, il n’est jamais du centre en revanche. Il nous menace, il va triompher. Mais ce défi peut être relevé, c’est même un des charmes de la politique, les jeux ne sont jamais faits, il y a le rouge, le noir, mais aussi passe et manque. Et la boule du destin rebondit. Nous, nous les sans-grade, nous la masse amorphe, nous pouvons encore voter. À Annemasse trois listes se disputent nos suffrages. Le Front national, devenu rassemblement national, la liste Les Républicains, masquée sous une apparence sans étiquette, mais où on retrouve en tête un militant de ce parti, et en queue de liste la députée de ce même parti, la liste du maire sortant, qui elle aussi n’affiche aucune étiquette. Vue de Sirius les trois programmes donnent l’impression de se ressembler, par exemple on retrouve du vert, beaucoup de vert, mais ils se ressemblent comme l’original et ses copies. Ils diffèrent aussi comme les promesses le font des réalisations. Depuis 6 ans Annemasse a changé. Sont apparus de nouveaux moyens de transport en commun, le tram, le train régional. Ce qui n’est déjà pas rien, mais aussi une politique en matière d’urbanisme posée avec intelligence et qui est en passe de réussir la maîtrise du développement urbain. Ces réalisations valent mieux que toutes les promesses. Il y a une dernière dimension : pour ceux qui comme moi sont aussi attachés à des valeurs intangibles, républicaines, la municipalité sortante avec son maire en tête, mérite qu’on la félicite, et cela interpelle. Elle n’a jamais fléchi sous les assauts contre la laïcité. Elle réitère constamment son attachement aux principes politiques qui fondent la République. C’est donc un choix raisonné et raisonnable que de porter sur elle nos suffrages pour valider le passé et soutenir la poursuite de cette action dans le futur. Le dernier conseil municipal s’est tenu. Je n’y ai pas voté le budget, car j’estimais essentiel de respecter le mandat politique que j’avais reçu lors de mon élection. Je n’avais pas été élu pour me rallier à la majorité actuelle. Je ne me représente pas. Me voici libre aujourd’hui de choisir. Je choisis la liste Annemasse Avenirs, d’autant mieux qu’il sera vital de résister à la surrection populiste qui menace un jour de tout emporter.

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