C’est venu en discussion du conseil municipal du 16 octobre 2015, et trois idées force peuvent être retenues pour ce PADD. Pourquoi PADD et pas tout simplement Plan d’urbanisme, la réponse est qu’on est en France, et que dans ce beau pays il est interdit de faire simple si on peut faire compliqué. Plan d’urbanisme c’est trop réducteur, trop banal. Tandis que «projet», c’est bien plus chic, et si on y ajoute «développement durable», alors les trompettes de la félicité sonnent déjà à vous perdre la tête. Imaginez que plutôt qu’un PADD on propose une Réalisation de la Désorganisation pour la Régression Éphémère, RDRE, il n’est pas sûr que cela ait le même succès.

Transposé dans notre secteur, le projet d’urbanisme présenté manifeste une révolution dans les esprits de la majorité socialiste. Pendant longtemps la gauche annemassienne visait à construire, construire, et construire encore des logements sociaux, au prix d’un désintérêt dans les faits, mais qu’on se rassure jamais dans le discours, pour les espaces de respiration, pour l’idée de limiter la densification. Son modèle était Chablais gare, (parc, pardon). Il est douteux que ce soit la solution pour développer une ville harmonieuse.

C’est d’ailleurs également l’harmonie qui manquait. La porte même ne suffisait pas. La dimension esthétique était totalement absente. Sans doute que les bons esprits pensaient que le beau était une notion bourgeoise. On voit le résultat : le musée des horreurs.

Une révolution s’est produite. D’un seul coup l’adjoint à l’urbanisme découvre le bien-fondé des idées que nous présentons depuis des années : maîtriser la densification, tout mettre en œuvre pour que Genève construise chez elle au lieu de le faire exclusivement par Haute-Savoie interposée pour loger sa main d’œuvre. Multiplier les espaces de respiration, les parcs petits et grands. Sur tout cela nous ne pouvons qu’être d’accord. Adapter la hauteur des constructions au calibre des rues. Du bon sens. Adopter une charte esthétique. Une nécessité parce que le beau, qui d’ailleurs est universel, est indispensable à l’âme et au corps.

Nous sommes d’accord sur ces propositions. Si en plus c’est éphémère plutôt que durable, ce serait encore mieux. Je m’explique. Une ville doit pouvoir se construire sur elle même. Dès lors qu’il n’y a pas de patrimoine architectural historique, ce qui est une richesse, mais aussi une contrainte, le renouvellement urbain devient possible. Démolition/Construction. De l’éphémère plutôt que du durable, des tipis plutôt que du béton. A chaque génération sa ville, chiche ?

Le bémol est sur le social. La majorité derrière son adjoint souhaite 25 % dans tous les programmes de plus de 1000 m2, indépendamment des programmes des sociétés HLM, et en plus 10 % de logements en accession, soit 35 % à caractère social dans tout programme. Personnellement je doute que cela soit possible. Je suis encore d’accord avec l’idée de 10% pour l’accession, mais je suis réservé sur la nécessité de passer à 25 % dans tout programme de construction d’immeuble.