En même temps que Louis Mermet émerge dans la lumière de l’actualité, Dupessey entre dans les ténèbres de l’insignifiance. Le temps de la politique du souterrain est révolu. Le calcul politique, le machiavélisme de boudoir, antichambre du cimetière de la démocratie, font long feu. L’alliance occulte des socialistes et des frontistes était une hypothèse pour la science politique. Elle s’est confirmée comme réalité lorsqu’il fut clair que Dupessey soutenait la même thèse que Capasso sur l’annulation des élections. Mêmes arguties artificielles, même finalité, même discours, même contournement de la fraude électorale qui avait été exhumée. C’est bien ce qu’on désigne par alliance objective. Les manœuvres socialistes à Annemasse se sont poursuivies dans l’obscurité opaque des petits coups misérables.

Comme ils n’avaient en réalité aucun programme sérieux, les dupesséistes ont copié tout simplement quelques thèmes dont ils n’avaient pas même l’idée. Aidés en cela par des fuites et un transfuge, Salah Benattia dont on comprend rétrospectivement le malaise qu’il engendrait par sa présence, sans doute une question de langage corporel dont on perçoit la signification et qu’il est malaisé d’accepter, parce que la figure du traitre est toujours redoutable à admettre. Ainsi le matériel de campagne de Louis Mermet a fait l’objet d’une copie servile.

On ne prête qu’aux riches, et c’est sans doute pourquoi la rumeur rend Dupessey responsable d’un coup de Jarnac. Il y a eu une liste plus à gauche que celle de Dupessey (si, si, c’est possible), la quatrième liste qui se présente à l’horizon des élections. Une coïncidence remarquable a fait qu’à peine déposée, la tête de liste était interpellée par la police, jetée en garde à vue, accusée d’avoir dissimulé de la drogue dans un local qu’elle contrôle, et relâchée peut-être dès qu’il parut difficile de conforter cette accusation par des faits objectifs, mais aussi peut-être parce que les quantités n’étaient pas très importantes. Ce sont des hypothèses puisque personne n’a vu le dossier. Mais le mal était fait.

Sans beaucoup de prudence, le Dauphiné Libéré publie le 23 juin 2015 un article au titre humoristique sur cet évènement, mais sauf si le secret de l’enquête avait été violé par les policiers qui auraient transmis les copies des PV aux journalistes, hypothèse qui n’est étayée par rien à ce stade, par définition avant que l’affaire ne vienne devant la juridiction de jugement, si elle y vient, personne n’en sait rien.

Ce qui est certain c’est qu’une réaction s’est dessinée dès l’annonce de l’interpellation dans le quartier d’où beaucoup de colistiers sont originaires. Et de nombreuses personnes, voire la majorité, ont pensé que ce n’était pas une coïncidence, et qu’on pouvait y voir la main de Dupessey. J’ai beaucoup de mal à suivre ce point de vue, essentiellement parce que je n’aime pas croire en la théorie du complot. Il faut des faits, des faits et encore des faits pour faire avancer une réflexion. Mais il est vrai qu’on ne prête qu’aux riches. Il y a un enseignement à tirer de toute cette affaire, c’est qu’il existe une politique du souterrain et une politique de la lumière. LM a choisi le camp de la clarté, Dupessey a choisi celui de la nuit. Dupessey quand il faisait une alliance objective avec le FN en combattant à ses côtés l’annulation de l’élection pour fraude, savait ce qu’il faisait, et que sa seule motivation était de rester collé à son siège. Je ne sais pour finir s’il est ou non à l’origine de cette judicieuse arrestation, et je m’en moque. On ne prête, donc, qu’aux riches, et même s’il n’en est pas l’auteur, ce que je veux bien volontiers croire, il l’a certainement souhaitée si fort que ses vœux ont été exaucés.