Il est évident que la Suisse profonde qui a voté comme chacun le sait ne peut avoir voulu rejeter les Allemands, les Autrichiens, les Hollandais, les Belges, les Luxembourgeois avec qui elle a tant en commun. Les Italiens on ne sait. Mais les français sans doute les Français parce qu’ils sentent mauvais. Les Allemands les Autrichiens, etc. eux, sont nécessairement en meilleure odeur, de plus de sainteté. Mais les Français, incorrigibles, hâbleurs, fainéants, mal élevés, qui circulent dans des voitures pourries et qui viennent manger le pain blanc, eux, les Français ces quasis racailles, il fallait leur donner une leçon.

On a reçu 5 sur 5.

C’est même ce qui a fait dire à François FILLON le 10 février 2014 à Annemasse où il soutenait la liste Annemasse2014 conduite par Louis Mermet, qu’il fallait que l’Union européenne reconsidère ses relations avec la Suisse laquelle à ses yeux de parisien ne pouvait avoir le beurre et l’argent du beurre, tirer avantage de l’Union européenne tout en fermant ses frontières à ses nations qui ont voulu entre elles un règne de liberté de circulation. Bref, les amis suisses, ce que l’ancien premier ministre de France vous a dit ce soir en termes extrêmement diplomatiques, c’est qu’il a le sentiment de s’être fait rouler.

On peut comprendre son amertume et sa surprise. Elles sont partagées par beaucoup. La surprise s’explique facilement par le fait que quand on sent mauvais, il est difficile même de s’en rendre compte. Mais ça on peut le lire sur les visages, si on les scrute attentivement. Le visage de la Suisse s’est fermé avec dédain, en se pinçant les narines. Le pire est encore de se dire que cette gifle donnée aux Européens ne suscitera aucune réaction.

Ce matin sur une radio, Europe 1 exactement, Daniel Cohn-Bendit appelait l’Union européenne à poser des cotas d’importation aux biens et services suisses. L’idée est provocatrice et montre la profondeur de l’impact de ce vote. Mais elle est irréaliste. Il ne se passera rien. Aujourd’hui, rien. Mais peut-être demain, qui sait.