Un sous ministre, et un sous député, tous deux socialistes, des sénateurs, dont beaucoup sont socialistes, (mais hélas, pas tous) viennent de lancer dans les enceintes nationales l’idée qu’il faudrait protéger les «lanceurs d’alerte». Ils pensaient tous à ce Snowden, mais aussi à ce financier français vivant en Suisse qui a balancé dans l’affaire du vertueux ministre socialiste du Budget.

Il faut s’arrêter un instant sur les implications de ces belles présentations.

Tout d’abord il faut appeler un chat, un chat. Un «lanceur d’alerte», c’est un délateur. C’est le type qui mettait hier une lettre pour dénoncer son voisin juif dans la boîte de la Gestapo ou de la milice. Un acte de civisme, Monsieur ! C’est la saloperie qui a prospéré dans tous les régimes totalitaires, à commencer par les régimes communistes, pour envoyer des millions de gens à la mort. Des millions. Une industrie. Parce que les communistes ont même réussi cet exploit de tuer plus que les nazis. Les foules des victimes leur étaient souvent dénoncées.

C’est ça le lanceur d’alerte. Une vermine humaine qui balance son prochain. En prime il faudrait le protéger, le pauvre, il serait persécuté en Suisse où dans l’abominable Amérique.

En second lieu il faut être attentif à l’usage de cette périphrase pour désigner ces excréments. Délateur c’est brutal, ça dit le vrai. Pour une âme socialiste qui baigne dans le mensonge, le vrai est haïssable. Il faut lui mettre des habits neufs, comme au président Mao, et de chercher le truc qui dira sans dire, tout en disant. Lanceur d’alerte donc. Un léger euphémisme, et tout serait dit. Presque.

Cette figure de style est le parfait reflet d’un mode de fonctionnement fondé sur le travestissement de la réalité. La réalité dans le cas des régimes communistes c’était la mort et la misère, mais le discours décrivait un paradis. Les nazis qui furent à l’école de Lénine pour créer les camps écrivirent cyniquement sur l’entrée d’Auschwitz «Arbeit macht Frei», alors qu’ils livraient leurs victimes à la «solution finale», métaphore encore plus sinistre.

Les socialistes ne sont évidemment ni des nazis, ni des communistes (encore que…avec les communistes ils ont comme des affinités) et seules les mains du Mitterrand ministre de l’Intérieur ont été rougies par le sang des révolutionnaires algériens, mais ils n’en participent pas moins à cette technique du mensonge comme dans le cas de l’appel à la délation camouflé sous les oripeaux de «l‘alerte», sans doute citoyenne. Ils inventent la balance citoyenne.

Il est vrai qu’au bout d’une année de pouvoir, il vaut mieux pour eux fuir la réalité.